Ce 12 octobre, au troisième jour du procès des massacres du 28 septembre 2009, c’est toujours l’accusé Moussa Tiegboro Camara, ancien ministre secrétaire général à la présidence chargé de la lutte contre la drogue qui est à la barre. Après les questions de ses avocats, la parole est revenue au procureur qui lui a demandé le rôle qu’il a joué le 28 septembre 2009. Cette question est liée à une déposition de Sidya Touré, président de l’UFR, qui dit que le colonel Tiegboro Camara les a bloqués à l’entrée du stade. L’accusé répond que cela n’est pas exact, qu’il s’y est plutôt rendu pour rencontrer les leaders, leur demander de surseoir à la manifestation. Moussa Tiegboro affirme qu’il n’est pas dans le dispositif de maintien d’ordre. Partant de cette réponse, le procureur lui a posé la question de savoir qu’est-ce qu’il était allé chercher au stade. Le prévenu répond qu’il rentrait, lorsqu’il a vu la foule. Est-ce que vos hommes étaient-ils armés ? « Non », répond le colonel à la barre.
Une question est toujours revenue depuis que le colonel est à la barre : A-t-il vu des corps, des femmes violées ? Il répond n’avoir vu aucun corps, aucune femme violée. A-t-il appris qu’il y a eu des morts et des blessés au stade ? « C’est la nuit que j’ai appris cela », rétorque-t-il.
Les avocats de la partie civile avancent dans le même sens : Vous êtes responsable administratif ou responsable militaire ? « Je suis responsable administratif ». Le responsable administratif, c’est au bureau ou sur le champ d’opération ? «J’ai agi en tant que soldat, pour sauver des gens ». Pourquoi vous étiez au stade en qualité de secrétaire d’Etat, membre influent du CNDD ? Moussa Tiegboro Camara répond que cela n’a rien avoir avec être OPJ (Officier de police judiciaire). « Vous dites que vous étiez avec vos hommes, mais vous avez dit que c’est Toumba qui a tué les gens. Vous dites que vous n’avez pas vu de corps, ni de blessés, est-ce que vous contribuez à la manifestation de la vérité ? » Tiegboro de répondre : « D’abord je ne nie pas, parce que nier, c’est quand on a fait quelque chose et qu’on dit qu’on a rien fait. Moi je n’ai rien fait, donc je ne sais rien ».
A des questions d’un avocat de la partie civile, Tiegboro Camara parle « d’allégations gratuites ». Les jours qui ont suivi le 28 septembre 2009, est-ce que vous étiez à la maison des jeunes de Landreah (Dixinn) qui étaient en grève de faim ? «Oui », répond-il. Ces jeunes disent que vous les avez traînés dans la boue ? Tieboro répond de demander au chef du quartier s’il l’a fait avant de dire qu’il ne l’a pas fait. Vous aviez envoyé du pain et du corne bœuf pour les intimer de couper la grève de faim ? « Même de l’argent j’ai donné », répond le colonel. Ces jeunes disent que vous les avez convoyés au camp Alpha Yaya, pour les torturer toute la nuit. Ensuite vous les avez mis dans un contenaire… « Je suis surpris, je tombe des nues. Comment je peux torturer des gens comme si je ne suis pas un humain ? Ce sont des allégations non fondées… »
L’audience se poursuit.
Ibn Adama