C’est une chose très rare en Guinée. Célébrer une personne de son vivant est une nouveauté que viennent de créer des acteurs de la presse guinéenne en faveur du fondateur du Groupe de presse Lynx-Lance, en la personne du doyen Souleymane Diallo. Une journée consacrée à la reconnaissance de cette icône des médias guinéens est prévue le 29 octobre. Abou Bakr, qui a côtoyé et travaillé sous les ordres du doyen Diallo Souleymane, interrogé par Guineematincom.com ce mercredi 26 octobre 2022, a dit toute la considération qu’il a pour le baobab. Pour parler du doyen Souleymane Diallo, il est défini comme étant une école, la constance dans l’esprit, entre-autres. Abou Bakr, journaliste qui a fait ses armes au Groupe de presse Lynx-Lance, est parmi ceux qui ont bénéficié de la formation du doyen Diallo Souleymane. Il a témoigné sur guineematin.com:
« Souleymane Diallo, c’est lui qui m’a formé. Je suis son fruit dans la presse guinéenne comme tant d’autres. Monsieur Souleymane Diallo, c’est une icône, mais c’est aussi une école, c’est une institution dans le domaine des médias, parce que la quasi-totalité des journalistes qui animent aujourd’hui ou qui ont animé hier l’espace médiatique guinéen et étranger sont passés par le Lynx, soit en qualité de stagiaire, soit en qualité de journaliste confirmé ou en qualité de collaborateur. Il a eu à travailler avec des célébrités, comme les Williams Sassine, qui est aujourd’hui l’une des plus belles plumes de la littérature mondiale, du monde francophone ; Thierno Monénembo est un des collaborateurs du groupe Le Lynx. C’est pour vous dire un peu la dimension de la personne. Mais ce n’est pas seulement ce que nous célébrons. Nous célébrons la constance de Souleymane Diallo, la constance parce que Le Lynx a été créé en février 1992, précisément le 7 février, et ce média continue toujours son chemin où je vous parle, la ligne éditoriale est la même. Le Lynx a vraiment fait une traversée du désert, le journal a reçu au moins 7 convocations, et deux de ces convocations ont amené monsieur Souleymane Diallo en prison. Il n’y a pas cette forme de pression qu’il n’a pas eu pour fléchir, cette forme de proposition ou de tentatives de corruption auxquelles il n’a pas fait face dans l’exercice de sa profession pour, soit rejoindre les gouvernants ou réduire un peu cette verve critique qui caractérise le satirique Le Lynx. Il n’a pas varié. Donc, vous voyez que cette constance-là est une école qui mérite d’être célébrée. À part ça, il y a aussi l’audace », dit Abou Bakr.
Celui qui se considère comme étant un élève du fondateur du groupe Lynx/lance a déclaré dans cette interview que Souleymane Diallo écrivait des articles de presse même étant en prison. « Monsieur Souleymane Diallo nous a toujours dit que le journaliste ne doit avoir peur que d’une seule chose, c’est d’avoir peur. Il dit qu’il ne faut jamais avoir peur. Et figurez-vous, il nous a donné l’exemple. Vous savez, le bon chef n’est pas celui qui ordonne, mais c’est celui qui fait et qui amène les autres à s’inspirer de ce qu’il a fait. Il est parti en prison à deux reprises et lorsqu’il partait en prison, lorsque sa femme lui envoyait le repas, il mangeait et il se trouve qu’il a déjà rédigé des articles, parce qu’il arrivait des fois en prison au moment où les mutins, ceux qui avaient attaqué le palais présidentiel, la mutinerie du 3 février 1996, étaient à la maison centrale, les Yaya Sow, les commandants Kader et d’autres célébrités que personne, même leurs familles ne savaient pas ce qui était advenu et lui, Souleymane Diallo, comme il était en prison avec eux, il les rencontrait en prison, il échangeait avec eux et il faisait des articles. Pendant le mois qu’il a passé en prison, le lundi à 13 heures, Le Lynx est acheté et c’était complètement fini. C’est ce qui a amené Williams Sassine à dire monsieur Lansana Conté, arrêtez Souleymane Diallo, parce que quand il est en prison, nos journaux se vendent mieux. Donc, c’est de la prison qu’il informait. Imaginez le courage sous un régime militaire. Donc, voilà l’audace que nous voulons aussi célébrer », a-t-il indiqué.
Souleymane Diallo, c’est aussi un défenseur de la liberté de la presse en Guinée. La rédaction des lois qui protègent les journalistes et à ce que ceux-ci soient plus professionnels ont été rédigés avec sa contribution. Abou Bakr se rappelle encore de ce qu’il appelle la bravoure de son maître dans le métier du journaliste. « Les lois sur la liberté de la presse, la loi 005 et la loi 006, vous savez que la loi 005, c’est la loi sur la liberté de la presse et la loi 006, je veux parler de 1990, c’est la loi sur le Conseil national de la communication (CNC) d’alors et aujourd’hui la loi 002 de 2010 du conseil national de la transition, il était le président de la commission communication de CNT d’alors, il est parmi ceux qui ont rédigé cette loi. Donc, la loi qui régit la presse, la loi 002 et la loi 003 qui régit la Haute Autorité de la Communication, c’est le fruit de Souleymane Diallo, il a marqué des lobbyings ici et ailleurs à l’extérieur du pays pour que la presse guinéenne soit libre. Pour que la presse guinéenne soit une presse performante. Il a montré l’exemple de la rigueur dans le travail. Il a montré l’exemple du professionnalisme ».
Ansou Baïlo Baldé pour Guineematin.com