Le 7 décembre, au siège du CIRD (Centre International de Recherche et de Documentation) à Conakry, Mamadou Aguibou Sow, directeur des programmes de cette institution, a présenté une étude sur : «Les langues nationales et l’enseignement du français : Les interférences phonétique». Il a partagé ainsi son travail de mémoire de Master, soutenu à l’université de Sonfonia sur les interférences phonétiques au CM2 des enfants de la commune de Ratoma. Cela, dans le cadre des 3 SG (Séminaire Sciences Sociales Guinée) qui est un espace de discussion et de réflexion.
L’apprentissage ou encore l’enseignement de la langue française est de plus en plus faible. Parce que, selon le directeur des programmes du CIRD, lorsqu’un enfant ne sait pas correctement lire un mot français, il lui sera difficile de retenir l’orthographe et le sens du mot. Ce n’est pas tout, Monsieur Sow affirme que les enseignants aussi ont des problèmes qu’ils transmettent aux enfants sans se rendre compte. Selon lui, la responsabilité de la faiblesse du niveau des enfants incombe non seulement à l’encadrement mais aussi au niveau des familles. « Dans les familles, il n’y a pas un effort d’amélioration des niveaux d’apprentissage dans la langue d’apprentissage qui est le français. Dans la zone d’étude, nous avons remarqué que les enfants sont sans documentation. On a aussi constaté que les outils de travail ne sont pas présents dans les écoles. Il n’y a rien qui facilite ce travail ».
Pour pallier cette problématique, Aguibou Sow a indiqué qu’il a élaboré des solutions purement didactiques, surtout dans la méthodologie de travail, de travail répétitif sur les sons qui sont absents dans la langue française et qui sont récurrents dans les différentes langues nationales. Et la solution va être individualisée, parce que les enfants ne viennent pas de la même zone linguistique.
Frédéric Le Marcis, professeur en anthropologie trouve l’étude intéressante, d’autant plus que la Guinée est dotée d’une multiplicité linguistique. La question de l’apprentissage du français ne peut se faire sans prendre en compte les enjeux de la pratique des langues nationales comme le pular, le kpelewo, le loma le soso, le manika à la maison. «L’enjeu de la présentation était de comprendre quelles sont les difficultés que rencontrent les enseignants comme les élèves, quand ils apprennent le français alors qu’ils sont bercés dans une langue différente à la maison ». Cet anthropologue pense qu’il est nécessaire de renforcer la capacité des enseignants en matériels didactiques, afin qu’ils soient à l’aise avec le français pour pouvoir l’enseigner. Pour lui, il faut tenir compte des difficultés des contextes sociaux et familiaux qui fabriquent les capacités des élèves. « Tous les élèves n’ont pas la même chance, parce qu’on ne parle pas forcément français à la maison. Cela construit des trajectoires spécifiques ». C’est tout dire !
Ibn Adama