Le 5 janvier, une vingtaine des deux-cent cinquante veuves d’anciens travailleurs de l’usine Rusal Friguia, ont débarqué à Cona-cris. Objectif, rencontrer le Prési de la Transition, Mamadi Doum-bouillant, pour lui expliquer leur calvaire. En clair, les veuves dénoncent la direction de l’usine de fouler leurs droits, entre autres, pension, indemnité, primes, allocation.
A peine regroupées sur la ruelle menant à l’enceinte du Palais Mohammed V, elles ont été redirigées par des bidasses au Haut commandant de la gendarmerie nationale afin d’égrainer leurs griefs à Balla Samoura, responsable du coin. Celui-ci absent, son adjoint a persuadé les veuves de retourner à Fria, afin d’assembler les pièces attestant que leurs défunts maris ont été bel et bien travailleurs de l’usine.
Dame Alama Sanoh, membre de l’Association des veuves de Rusal Friguia, explique : « Depuis le décès de nos différents maris, nous ne comprenons rien de Rusal. En fait, le règlement, la pension surtout, on ne nous dit rien de clair. On a fait beaucoup de démarches, on a tapé à toutes les portes, en vain. On a quitté Fria à 2 heures, pour arriver à Kaloum à 7 heures». Selon dame Sanoh, les nounous ont démarché les différents préfets de Fria, les sages, en vain et que Rusal leur aurait dit qu’elle n’est pas en mesure de satisfaire leurs revendications, car «il y a des entreprises dans l’entreprise et que Rusal Friguia n’est pas actif. Cela fait des années, voire une décennie que certaines parmi nous ont perdu leurs maris, sans bénéficier de pension. Quand il y a grève, on donnait aux ouvriers un million cinquante mille francs guinéens au titre de prime de chômage. Mais quand il y a décès, c’est fini. On ne peut plus percevoir cela. J’ai perdu mon mari le 30 août 2019, le lendemain, il y a eu paie, je me suis rendue à l’usine, mais impossible de me donner le salaire de mon défunt mari. Franchement, nous souffrons.»
L’origine du problème remonte à 2015, lorsque que Rusal Friguia a proposé aux veuves 2 500 000 d’allocation unique. Autrement-dit, qu’elles ne pourront plus bénéficier un autre avantage, comme indemnisation ou pension, de la part de la société. «A l’usine, on nous dit qu’ils sont venus après la fermeture de l’usine. Donc, nos maris n’ont pas servi avec eux et ce n’est pas à eux de régler le problème. Les expatriés ne veulent même pas nous voir. Ils disent que c’est parce que nos maris n’ont rien foutu de leur vivant que nous les dérangeons maintenant», explique Hawa Camara, la prési des veuves de Rusal Friguia.
Fatoumata Sadjo Diallo, une autre veuve, dénonce des gens non employés de l’usine mais qui perçoivent la cagnotte d’un million cinquante mille francs guinéens. Or, nous, nos maris défunts y travaillaient, mais nous ne percevons rien. «Il n’y a aucune assistance, nous avons des enfants, des scolarités à s’acquitter. Aucune aide de la part de la société. A Fria, on a débarqué à l’usine, occupé les rails une semaine durant, il n’y a pas eu de travail au sein de l’usine, sans succès».
Proposition de solution
Déterminées à passer la nuit sur place, en face du Haut commandement de la gendarmerie nationale, un responsable du coin leur a proposé de retourner à Fria pour assembler quelques pièces, notamment le bulletin de paie et la carte de l’assuré de leurs maris défunts. Mais, «les papiers qu’ils demandent sont tous centralisés dans un ordinateur à l’usine. On leur a dit d’aller voir les gens là-bas pour y remédier, mais ils ne veulent pas faire cela», dénonce la veuve Alama Sanoh. Finalement, aux environs de 15 heures, les pandores leur ont proposé de rentrer à Fria et qu’une délégation de l’Etat sera sur place, pour « régler le problème ». Amen !
Yaya Doumbouya