L’adjudant-chef Moriba Camara était de nouveau devant le tribunal criminel de Dixinn ce 13 février. Il est inculpé de « meurtre » dans l’affaire de Thierno Mamadou Diallo, tué le 1er juin 2022, à Hamdallaye. L’agent de la Brigade anticriminalité n°1 maintient qu’il n’est pas l’auteur du tir qui a atteint la victime.

Une fois encore, l’adjudant-chef Moriba Camara a réitéré avoir fait des tirs de sommation pour tirer son équipe des griffes d’une foule de manifestants armés : « J’ai vu un individu armé de machette venir m’agresser. J’ai tiré en l’air pour nous sauver, parce que l’arme blanche aussi tue ».

Le ministère public estime pourtant que l’hypothèse de légitime défense ne tient pas dans ce cas, dans la mesure où aucun manifestant n’était muni d’arme à feu. Selon lui, l’adjudant-chef n’étant pas formé au maintien d’ordre, n’aurait non seulement pas accepté de descendre sur un théâtre de manifestation, mais puisqu’ils s’y sont rendus, il se serait abstenu de tirer : « C’est pourquoi j’ai tiré en l’air », se défend l’agent, avant de rappeler que ce jour-là, tous les agents qui étaient sur la route Leprince, qu’ils soient de la BAC, de la Police ou de la Gendarmerie, ont fait des tirs de sommation.

Le rapport médico-légal indique que le bourreau de Thierno Mamadou Diallo a tiré à bout portant : « Si j’avais tiré sur la foule, ce ne serait pas une seule personne qui allait être tuée… Ils n’ont même pas fait des études balistiques ».

A l’enquête préliminaire et devant le juge d’instruction, les agents qui étaient avec l’accusé ont tous témoigné qu’il a été le seul à avoir ouvert le feu à Hamdallaye le 1er juin : « Dans cette affaire, chacun cherchait à se sauver. Eux-mêmes ont fait des tirs de sommation devant le magasin « Marifala ». C’est juste une manière de me sacrifier pour ne pas retrouver les véritables coupables », rétorque Moriba Camara. Et d’exprimer son étonnement quant à la « légèreté des éléments présentés par le ministère public » dans la procédure.

Les avocats de la défense sollicitent la comparution du médecin légiste qui a conclu que Thierno Mamadou Diallo a été tué à bout portant et la mise en liberté, ne serait-ce que conditionnelle, de leur client, le temps que le procès se termine : « C’est un père de famille, un commis de l’Etat. Il a un domicile connu. Nous vous prions d’accorder la mise en liberté à notre client ». Le ministère public s’y oppose catégoriquement. Il qualifie de fantaisiste la demande de la défense. « Nous ne sommes pas dans une salle de théâtre. Il y a quelqu’un qui est tombé. Nous sommes sans état d’âme, rejetez fermement cette demande ! ».

Ainsi dit, ainsi fait. L’affaire est renvoyée au 27 février prochain pour la comparution de la partie civile.

Yacine Diallo