Le 13 mars, a continué, devant le tribunal criminel de Dixinn, le procès opposant l’adjudant-chef Moriba Camara à la famille de feu Thierno Mamadou Diallo. L’audience était consacrée aux plaidoiries et réquisitions.

Après plus d’un mois de débats, la parole était ce 13 mars, aux parties au procès, pour les plaidoiries et réquisitions dans l’affaire Adjudant-chef Moriba Camara, accusé d’avoir tué Thierno Mamadou Diallo le 1er juin 2022. L’Agent de la Brigade anticriminalité numéro 1 (BAC n°1), nie toujours les accusations articulées contre lui. Sa ligne de défense n’empêche pas le représentant du ministère public d’avoir la main lourde dans ses réquisitions. Pour le substitut du procureur, Mamadou Hady Diallo, il ne fait aucun doute que l’agent Moriba Camara est le meurtrier du jeune élève. Il s’appuie sur les rapports de la médecine légale qui confirme la mort par balle de Thierno Mamadou. Il fait aussi mention du rapport de la police scientifique qui démontrerait que la victime a été retrouvée exactement sur le lieu où le prévenu indique avoir fait des tirs de sommation. Il s’appuie sur les témoignages de ceux qui étaient avec Thierno Mamadou Diallo dans le cyber : «Ces faits sont constitutifs de meurtre. Ils sont imputables à l’adjudant-chef Moriba Camara, l’auteur du tir fatal à feu Thierno Mamadou». Il requiert de retenir le prévenu dans les liens de la culpabilité, en le condamnant à 25 ans de prison. Le procureur estime que l’agent a donné volontairement la mort à la victime : « Il savait que ses tirs pouvait tuer, que son argument de légitime défense ne tiendra pas la route. Il ne va jamais dire qu’il a tué, mais il sait qu’il n’échappera pas ».

L’avocat de la partie civile abonde dans le même sens. Maître Thierno Souleymane Baldé indique que les enquêtes ont montré que c’est « bien monsieur Moriba Camara qui a ôté la vie à Thierno Mamadou Diallo. Il n’y a aucun doute ». Il dénonce le fait que le prévenu n’ait eu aucun remord jusque-là, laisse le soin au tribunal de choisir la peine contre le prévenu. Pour l’action civile, il demande le paiement de 10 milliards de francs guinéens pour les dommages subis par la famille de la victime : « Nous savons que cet argent ne ramènera pas le défunt, mais il peut apaiser la douleur de cette famille ». Le procureur ajoute que le juge peut revoir à la baisse cette somme demandée par la partie civile, s’il estime qu’elle exorbitante.

« On veut sacrifier notre client »

La défense plaide d’entrée l’acquittement pure et simple de son client. Elle s’en prend au travail fait pendant les enquêtes, par les services de police tout comme par le juge d’instruction. Maître Abdourahmane Dabo pointe une légèreté : « Ils n’ont aucun moyen de retrouver les vrais auteurs du meurtre de Thierno Mamadou. On veut sacrifier notre client, parce qu’ils ont été légers dans les enquêtes. Ce sont des partisans du moindre effort ». L’avocat de rappeler le contexte dans lequel son client a été accusé et emprisonné : « Thierno Mamadou Diallo est la première victime de l’ère CNRD. Ils ont trouvé que l’agent Moriba Camara était facile à sacrifier pour faire croire à tout le monde qu’ils travaillent. Sinon, dans aucun rapport il n’est mentionné que c’est lui qui l’a tué ». Le prévenu, lui aussi, demande au tribunal de le relaxer : « Qu’il vous plaise de constater mon innocence dans cette affaire et de me rendre ma liberté », a-t-il plaidé.

L’affaire est renvoyée au 27 mars, pour décision être rendue.

Yacine Diallo