Comme Paul Moussa Diawara et son DAF Inza Bayo, Sékou Camara et Mamadou Saliou Barry sont jugés en appel devant la Cour de répression des infractions économiques et financières. L’ancien boss de l’Office guinéen des chargeurs (OGC) et son comptable sont inculpés pour « Détournement de deniers publics et complicité ». Le 14 mars, l’audience a été consacrée aux plaidoiries et réquisitions.

Les faits pour lesquels Sékou Camara et Mamadou Saliou Barry sont traduits par devant la Chambre des appels de la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF) se seraient déroulés entre 2016 et 2018, quand les deux prévenus étaient respectivement DG et comptable à l’OGC. Ils ont été accusés par le DGA à l’époque, Ibrahima Sory Sacko, d’avoir détourné plus de 25 milliards de francs guinéens. Les deux ont été emprisonnés et condamnés à 5 ans de prison. Aujourd’hui libres, les prévenus ont interjeté eux-mêmes appel devant la CRIEF. Après la phase des débats, les plaidoiries et réquisitions se sont déroulées à l’audience du 14 mars.

Le procureur spécial près la CRIEF a cherché à faire renvoyer l’audience, le temps pour lui « de préparer des réquisitions solides, dénuées de toute approximation». Aly Touré qui avait déjà été à la base de plusieurs renvois, voulait avoir « toutes les informations » en sa « possession avant de requérir ». Refus catégorique du président Noël Koulémou. Aly Touré requiert alors que la Chambre des appels confirme les condamnations prononcées en première instance par le TPI de Kaloum. Une position soutenue par la partie civile. Elle prie le juge Noël Koulémou d’appliquer la loi dans toute sa rigueur, en retenant les prévenus dans les liens de la culpabilité : « Cela vous permettra de rester fidèle à la réputation qui vous a valu d’être choisi pour être là», déclare Me Sanoussy Barry.

Pour les avocats de la défense, la relaxe s’impose dans cette affaire. Ils sont convaincus que ni le parquet spécial ni la partie civile n’ont pu apporter la preuve de la culpabilité de leurs clients. Ils implorent la Cour d’éviter de les condamner sur la base des spéculations. Maitre Faya Gabriel Kamano soutient que l’OGC n’a bénéficié ni de budget ni de subventions pendant la gestion de Sékou Camara. De surcroit, tout ce qui était liquidations et recouvrements des recettes portuaires aurait été fait par un opérateur technique recruté par l’Etat : « La répartition des recettes que l’opérateur recouvre étaient réparties en 4 parties : 40% pour le trésor public, 40% pour l’opérateur technique lui-même, 10% pour l’OGC et 10% pour la Marine marchande. Les recettes de 20% de l’OGC et de la marine marchande étaient versées sur le compte de l’OGC. Ce que l’Etat et le Ministère public ne cherchent pas à comprendre, c’est l’utilisation des 20% de recettes recouvrées et allouées à l’OGC et à la Marine marchande. Quand le montant des 20% se verse sur le compte de l’OGC, la part de la marine marchande est là automatiquement». Selon lui, l’Office, en trois ans, n’a pas eu 25 milliards de francs guinéens : « Comment peut-on dire qu’il y a eu détournement de plus de 25 milliards de francs guinéens en pareils cas ? » La décision est attendue le 4 avril prochain.

Yacine Diallo