Le procès d’Oyé-Oyé Guilavogui, ancien ministre des Télécom, s’est poursuivi ce 3 mai à la Cour de répression des infractions économiques et financières (Crief). Il est poursuivi pour détournement de deniers publics, enrichissement illicite et blanchiment des capitaux.
Le ministère public l’accuse notamment d’une gestion opaque d’un prêt chinois de cinquante millions de dollars ricain destinés à la relance de la Société des télécommunications de Guinée (Sotelgui) en 2012. Or, selon Huawei-Guinée, le sous-traitant qui a installé les équipements pour la relance de la Sotelgui, toutes les transactions ont eu lieu entre Huawei Technologies et Eximbank (créancier), sous l’accord de l’Etat guinéen.
La directrice générale de Huawei-Guinée, représentant de Huawei Technologies (par procuration spéciale en qualité de témoin), a déclaré que douze millions (reliquat) des cinquante millions, n’ont pas été décaissés par Eximbank en faveur du projet. Et qu’en télécommunications, on ne fournit que les équipements nécessaires.
Elle a réaffirmé que le fonds avait été versé dans les caisses de Huawei Technologies, avec l’accord de l’Etat guinéen, représenté par le ministère des Finances. Toutefois, elle ne donne aucun chiffre par rapport au prix du service rendu en tant que sous-traitant de Huawei Technologies. La partie civile : « Combien Huawei Technologies a payé à Huawei-Guinée en contrepartie ? »
« On est en train de collecter les informations. Mais, vous pouvez demander au ministère des Finances ou à Huawei Technologies pour plus de détails », réplique-t-elle.
La partie civile estime que Huawei-Guinée et Huawei Technologies auraient poursuivi la Sotelgui pour un non paiement de plus de 233 milliards de francs guinéens. La directrice générale de Huawei-Guinée réplique qu’elle n’en a aucune idée. Mais, soutient que la Sotelgui et Huawei Technologies ont collaboré plusieurs fois auparavant.
Me Aboubacar Doumbouya, avocat d’Oyé-Oyé Guilavogui : « Nous sommes très déçus. La directrice de Huawei-Guinée a été claire. On ne sait pas ce qu’on viendra inventer. On renvoie indéfiniment le procès parce que le ministère public n’a pas de preuve. C’est Huawei qui s’est chargé de tout et il a été payé par Eximbank ».
Me Amadou Baben Camara de la partie civile, estime qu’il y a des contradictions dans le témoignage de la directrice générale de Huawei-Guinée. « Elle a fait savoir que le montant de cinquante millions de dollars a été payé directement par Eximbank, alors qu’il y a eu un procès en Guinée dans lequel Huawei-Guinée et Huawei Technologies réclamaient plus de 233 milliards de francs guinéens comme créance à la Sotelgui. C’était par rapport à la liquidation de la Sotelgui. »
L’audience a été renvoyée au 10 mai afin de trouver un autre interprète indépendant chinois-français.
Yaya Doumbouya