Le 28 mai 1975, l’ensemble des Chefs d’Etats et de gouvernement de l’Afrique de l’Ouest se sont réunis à Lagos, pour examiner les voies et moyens à mobiliser pour développer davantage leurs relations économiques, en particulier leurs échanges commerciaux. A cet effet, ils créent aussitôt l’espace Cédéao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) à l’intérieur duquel ils suppriment les barrières tarifaires et rendent libre la circulation des personnes et des biens. L’espace est donc essentiellement économique. Mais le besoin de solidarité contraint les Etats membres de la Cédéao à s’affranchir rapidement du corset des questions économiques et investit l’espace politique et culturel à travers notamment des initiatives de règlement de conflit, de promotion de la bonne gouvernance et de renforcement du processus démocratique.
Si des résultats économiques tangibles sont observés, on est encore bien loin de se glorifier des acquis démocratique et de bonne gouvernance. L’organisation des élections connait toujours des couacs incompatibles avec les exigences de la démocratie. La lutte contre la corruption, la concession et le népotisme n’a jamais été efficace. Ces tares ont favorisé l’apparition des putschs qui, après avoir été dans les décennies 60, 70 et 80 les voies royales de conquête du pouvoir, ont quasiment disparu au profit des élections plus ou moins démocratiques.
La recrudescence des putschs dans l’espace communautaire de la Cédéao notamment au Niger décide le Président Bola Tinubu à user de la force pour ramener les putschistes nigériens à la raison. Cette sanction considérée comme maladroite et d’application peu aisée, n’emporte pas l’adhésion dans le monde. Au Nigeria, même l’opposition n’est pas négligeable. Le Sénat et une bonne frange de la société civile ont exprimé leur inquiétude face à ce qu’ils considèrent comme un grave facteur de risques internes. Il n’y a pas non plus unanimité à l’échelle des Etats. Si certains (Côte D’Ivoire, Bénin, etc..) sont solidaires, d’autres (Burkina Faso, Mali,) sont hostiles. On pourrait parler d’un pavé dans la mare !
L’usage de la force pour contraindre le général Tchiani et ses troupes à revenir à l’ordre constitutionnel et restituer le Président Mohamed Bazoum dans ses droits divise les membres de la communauté de l’Afrique de l’Ouest. Il faut donc encore mieux réfléchir à la pertinence de cette option. Mais entre diplomatie et guerre y a-t-il un choix ? A l’épreuve des contingences politiques, la Cédéao semble bien fragile.
Abraham Kayoko Doré