Le 11 septembre, le Collectif des contestataires de l’examen du Certificat d’aptitude à la profession d’avocat (CAPA), session 2021, a tiré à boulets rouges sur le Bâtonnât de Guinée. En conférence de presse, le CAPA accuse le Barreau de faux et usage de faux en écriture publique, ce qui les aurait conduits à l’échec pour accéder à la profession d’avocat.

La passe d’armes entre le Barreau de Guinée et le Collectif de la centaine de candidats recalés en 2021 lors du CAPA demeure. Si l’ex-Bâtonnier (Me Djibril Kouyaté), ayant géré le dossier, estime que les candidats n’avaient «aucun niveau», ces derniers répliquent et se disent avoir été «injustement ajournés.» Mamadi Kaba, membre du collectif, explique que le Certificat d’aptitude à la profession d’avocat (CAPA-2021) est l’objet de «violations flagrantes» des textes, notamment la Loi 014 du 26 mai 2004, portant réorganisation de la profession d’avocat en Guinée, ainsi que son décret d’application No 037  de juillet 2008.

Sur 395 candidats présélectionnés, 295 avaient été retenus pour le concours, 11 en ont été déclarés admis. De la composition du jury pour la correction des copies à la prestation de serment des admis, le Barreau se ferait fabriquer de courriers afin de légaliser la procédure, accusent les candidats recalés. Le Barreau aurait usé du faux pour composer les deux jurys (l’un de cinq membres, l’autre de 6 membres), sur la base de la même note. Or, Souleymane Sidibé, le porte-parole du collectif, précise que la loi en requiert 7. «Les actes qui ont servi à l’établissement de ces notes sont faux. La lettre fabriquée et attribuée au secrétariat général du ministère de la Justice n’émane pas de lui. Il n’y a aucune trace d’elle au Secrétariat central du département.» Souleymane Sidibé renchérit que la liste des candidats recalés, affichée au tableau du Bâtonnat le 27 octobre 2021, ne contient aucune référence. «Il ne donne aucune visibilité sur les différentes notes des candidats, ni le coefficient. C’est une note confuse qui a été attribuée aux victimes ajournées », regrette-il.

Vingt ans de stage

Valentin Zézé Guilavogui, du Collectif, déclare qu’ils ont été recalés par égoïsme, par discrimination. «Nous avons fait plus de vingt ans de stage. Où avez- vous vu cela ? Nous voulions appartenir au Barreau pour servir. Nous n’avons aucune intention de discréditer qui que ce soit. Nous ne revendiquons que nos droits, afin de nourrir nos familles qui ont investi des années durant pour notre formation. Ce n’est pas un groupuscule qui va nous bloquer dans notre aventure.» Selon lui, ils auraient tenté depuis deux ans à régler le problème à l’amiable. Sans succès. «L’article 27 du décret 037 prévoit que si vous n’êtes pas admis au concours au Barreau, de saisir le Bâtonnier et les membres du Conseil de l’Ordre. C’est une obligation pour eux de répondre à nos contestations. Mais, ils sont sans foi ni loi. Ils n’ont répondu à aucune de nos contestations, à aucun de nos courriers.»

Reprendre la correction

Le Collectif demande la mise en place d’un nouveau jury «indépendant et neutre» de sept membres pour recorriger les copies du concours. Il demande aussi au ministère de la Justice d’inviter le Barreau à se conformer à l’article 146 de la résolution du 8ème congrès des Nations unies en 1990 sur la profession d’avocat.

Yaya Doumbouya