Pour lutter efficacement contre les mutilations génitales féminines (MGF) et les violences basées sur le genre (VBG), le gouvernement a lancé, lundi 4 septembre, un système d’alerte et d’une base de données pour signaler les cas, enregistrer les victimes et fournir des informations fiables. Une initiative des ministères de la Promotion féminine, de l’enfance et des personnes vulnérables, celui des Postes, des Télécoms et de l’Economie numérique et des partenaires financiers le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) et le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA).

Il s’agit d’une plateforme digitale intitulée « Alerte VBG Guinée », qui a pour objectif de permettre à la population de dénoncer les VBG et d’alerter de manière anonyme les MGF. Elle permet aussi de disposer d’une base de données dynamiques sur les VBG. Élaborer et faire valider des indicateurs solides qui permettront de collecter, analyser et partager les informations et les expériences. Développé par l’Agence nationale de digitalisation de l’État (ANDE), le système regroupe une application Ussd sur les réseaux téléphoniques (*1000#) ; une application mobile Android et un site web: www.alerte-vbg-guinee.com. Ce qui permettrait de remonter les alertes, les cas, les rapports de surveillance, centraliser les données et assurer le suivi.

Alessia Turco, représentante adjointe de l’UNICEF en Guinée signale que les Mutilations génitales féminines constituent une violation des droits, des femmes et des filles. «Elles engendrent : souffrance, infections, incontinences, risque de stérilité, complications à l’accouchement et altération de la santé mentale». Elle ajoute que cet outil (Alerte VBG Guinée), vise à mettre à disposition du grand public un mécanisme d’alerte pour les tentatives d’excision et permet de centraliser les données nationales concernant les mutilations génitales, favorise aussi la contribution citoyenne, et particulièrement celle des jeunes via les nouvelles technologies, pour l’abandon des » MGF en Guinée. Mme Turco a réitéré l’engagement de l’UNICEF à travers le programme conjoint UNFPA-UNICEF, à accompagner le gouvernement guinéen dans sa lutte contre le fléau des MGF. 

« L’État doit tenir ses engagements »

Pour Ousmane Gaoual Diallo, ministre des Postes, des Télécoms et de l’Economie numérique, il est inacceptable qu’un seul cas de violence à l’égard des femmes reste impuni. « Lorsque ces actes de violence restent cachés, notre devoir est de les mettre en lumière et de les combattre. Nous devons mobiliser les ressources nécessaires pour sensibiliser l’opinion publique et promouvoir des réponses efficaces ». Rappelant que chaque année, des milliers de femmes dans le monde endurent des souffrances physiques, psychologiques, morales et matérielles à cause des violences qu’elles subissent, malgré l’existence d’un cadre juridique et d’acteurs engagés dans la protection et la promotion des droits fondamentaux, le porte-parole du gouvernement déclare: « L’État doit tenir ses engagements en vertu des conventions internationales en matière de prévention et de lutte contre les violences basées sur le genre (VBG). Cela signifie, traduire en justice les auteurs de ces actes et fournir aux victimes des moyens de recours grâce à un accompagnement juridique et judiciaire adéquat ».

La lutte contre le viol et les violences envers les groupes vulnérables tels que les femmes et les enfants, Ousmane Gaoual en fait une priorité. C’est pourquoi, dit-il, cette «plateforme technologique innovante intègre une application mobile… destinée à informer, sensibiliser et alerter contre les VBG. Elle intègre également un menu USSD permettant la remontée en temps réel des alertes, facilitant ainsi le suivi des comités de veille dans les villages dans leur rapport mensuel de surveillance contre les mutilations génitales féminines et les mariages d’enfants ».

Un programme adapté

Aïcha Nanette Conté, ministre de la Promotion féminine, de l’enfance et des personnes vulnérables, note une étape importante « dans notre engagement dans la protection des droits des femmes. Selon elle, les violences basées sur le genre (VBG) incluant la pratique des MGF, engendrent des conséquences physiques et psychologiques qui remettent en cause les principes d’égalité des sexes au fil du temps. « Cette base de données nous permettra de suivre les cas de violence de tout genre à l’endroit des filles et des femmes. Enregistrer les interventions et les services fournis, coordonner les actions des différents acteurs impliqués et faciliter le partage d’informations en vue de l’élaboration des projets et programmes adaptés en la matière ». La ministre se dit engagée à soutenir et à accompagner de telles initiatives. 

Abdoulaye Bah