Travailleurs du secteur public, privé et mixte ont rencontré le mouvement syndical guinéen le 10 octobre à la Bourse du travail, à Conakry. Il était question de faire le point des négociations autour des revendications syndicales.   

Les négociations entre le gouvernement, le mouvement syndical et le patronat au ministère de la Fonction publique durent depuis avril dernier. Le mouvement syndical a obtenu du gouvernement l’application des points d’accord du Protocole d’avril 2022. L’allocation familiale passée de 2 200 à 25 000 Gnf en 2022 sera mise en œuvre pour les fonctionnaires et les retraités, tout comme la valeur monétaire du point d’indice boostée de 698 à 9 771.

Les agents de la santé bénéficient une valeur monétaire de point d’indice de 1 030, désormais les enseignants à la retraite seront traités à la base de cette indice, au lieu de 977, précédemment. Le gouvernement décide d’engager les enseignants contractuels à la Fonction publique à l’issue d’un concours spécifique local, dès janvier 2024.

« Nous avons commencé à négocier la valeur monétaire du point d’indice à hauteur de 100% pour toutes les catégories des fonctionnaires et pensionnés. Le gouvernement a proposé une prime, nous l’avons rejetée, car cette valeur accompagne le travailleur à la retraite. Dans un premier temps, le gouvernement a avancé 10%, ensuite 12%, puis 15%. Ils sont passés à 20% sur les 100% que nous réclamons. Finalement, nous avons accepté de réduire la valeur à 90%. Le ministre de la Fonction publique se réfère et nous répondra », explique Abdoulaye Barry, le président de la commission nationale syndicale des négociations.

« C’est compliqué »

Abdoulaye Barry déclare que les chiffres qui leur sont fournis par le gouvernement rendent possible une augmentation salariale à 100% pour tous les travailleurs. « Les dépenses du personnel dans la Loi des finances se chiffrent autour de 7 360 milliards de francs guinéens par an (tous les fonctionnaires.) Au tour de la table, on nous dit que 20% d’augmentation fera 35 milliards Gnf. On a compris que la réclamation 100% fera 175 milliards de la masse salariale mensuelle. Si on multiplie cette somme par douze, on aura 2 100 milliards Gnf. C’est compliqué : la dépense du personnel est de 7 360 milliards Gnf, vous dégagez pour les salaires 2 100 milliards Gnf. Donc, où se trouvent les 5 000 milliards Gnf ? Nous n’avons pas eu de réponse. » Selon lui, le secteur privé est disposé à porter la valeur monétaire du point d’indice à 100%, mais « les fédérations se concertent » pour un pourcentage consensuel.

Le syndicat aux oubliettes

Abdoulaye Sow, le secrétaire général de l’Union syndicale des travailleurs de Guinée (USTG) : « Nous avions de la considération, nous avions notre place dans le protocole. Aujourd’hui, on ne parle plus du mouvement syndical. On dit que les syndicalistes sont divisés, ils sont corrompus. Donc, on nous a oubliés. Quand il y a une activité, on appelle tout le monde, jamais le syndicat. On a oublié que le syndicat est une force tranquille. Quand elle se lève, elle inverse toutes les tendances. Les autorités doivent le savoir. » D’ajouter que les syndicalistes se sont réunis, se sont parlés et ont « lavé le linge sale en famille. Aujourd’hui, on est cimentés, soudés à jamais, nous agissons de concert ». C’est qu’on veut voir.

Yaya Doumbouya