C’est désormais officiel, la Guinée est suspendue de l’Organisation mondiale du tourisme jusqu’à nouvel ordre. Bien qu’actée depuis 2022, selon les informations, ce n’est qu’en ce début du mois de septembre 2023 que la décision est rendue publique, indique nos confrères du site Africaguinee. À en croire le tableau divulgué, la Guinée aurait cumulé plus de 15 ans, d’arriérés de cotisation, et doit s’acquitter de la modique somme de 357 000 euros.

Il s’agit d’une nouvelle qui ne devrait pas enchanter les autorités de la transition. Depuis son arrivée au pouvoir en septembre 2021, le gouvernement du prési Mamadi Doum-bouillant s’est fixé pour mission prioritaire, de redorer l’image du bled aux yeux du monde, mais aussi en faire une destination touristique de premier plan. Mais voilà que la Guinée de Doumbouya est suspendue de l’Organisation onusienne gestionnaire du tourisme dans le monde. La Guinée est suspendue de l’OMT jusqu’à nouvel ordre.

Pourtant, il existe bel et bien un ministère guinéen chargé du Tout-risque. N’a-t-il pas joué son rôle pour éviter cette suspension ? Il est certain que quelqu’un n’a pas fait où a mal fait son boulot. En-tout-cas, cet échec pourrait coûter cher à la Guinée et lui faire perdre bon nombre de privilèges comme le droit de vote au sein de l’Organisation mondiale du tout-risque.

Selon les dispositions de l’article 34 des Statuts de l’OMT, en cas de non-paiement prolongé des contributions obligatoires au budget de l’Organisation, par un de ses membres, il est susceptible de suspension. C’est cet article que l’organisation onusienne a décidé d’appliquer à la Guinée.

La prochaine Assemblée générale de l’OMT aura lieu du 16 au 20 octobre en Ouzbékistan. La Guinée ne dispose désormais que de deux semaines pour payer sa dette de 357,610.01 euros, et se mettre à jour. L’Assemblée générale de l’OMT étant biennale, à défaut de s’acquitter maintenant, le pays sera suspendu pour les deux prochaines années avant d’avoir une nouvelle occasion pour normaliser sa situation.

Le mauvais héritage

Après la diffusion de cette information, le ministre de la Culture, du Tourisme et de l’artisanat Alpha Soumah a juré que la Guinée a entamé le processus de normalisation de sa situation. Il clame que son département a mis en place un plan de paiement graduel : « C’est en cours de régularisation. Une proposition de remboursement échelonné a déjà été faite. L’Office national du tourisme a effectué un premier payement. Les Affaires étrangères se sont aussi impliquées pour le payement », a précisé le ministre, Bill de Sam.

François Bourouno, le Secrétaire général du ministère, souligne que la procédure exige de saisir le ministre des Affaires Etrangères. « Cette procédure a été engagée », a-t-il déclarée. Il espère voir la situation réglée da manière urgente. « Avec le principe du repositionnement de la Guinée, nous espérons que ces dispositions seront prises pour que nous puissions rétablir le droit de la Guinée au sein de cette organisation mondiale. Il faut surtout préciser que c’est un bilan lourd de la gestion des années passées, c’est depuis les années 90 que la Guinée a arrêté de payer ses cotisations à l’OMT. Donc, c’est ce lourd héritage auquel nous faisons face ».

Tourner en rond

Même si le ministère de la Culture (du gombo) et du Tout-risque semble déterminé à s’acquitter, François Bourouno ne sait pas si la somme intégrale sera payée pour en finir une bonne fois pour toute. Cette responsabilité incombe au ministère des Affaires étrangères. A la question de savoir si la Guinée participera à la prochaine Assemblée générale de l’OIT, François Bourouno précise : « Si on est à jour des cotisations, oui il faut qu’on vienne à l’Assemblée, négocier notre retrait de la liste des pays suspendus. Mais si la cotisation n’est pas payée d’ici là, effectivement notre participation peut être questionnable ».

Abdoulaye Pellel Bah