La Guinée est qualifiée de scandale géologique à cause de la richesse de son sous-sol. Avec plus de 80 millions de tonnes de bauxite exportées par an et disposant du plus grand gisement de fer au monde non exploité et d’autres minerais, la Guinée reste pauvre. Dans un rapport intitulé « Rapport de diagnostic de corruption dans le secteur minier en Guinée », l’organisation Publiez ce Que vous Payez ((PCQVP-Guinée), avec le collège des représentants de la société civile au sein du groupe multipartite de l’ITIE-Guinée ont mis à nu les différentes formes de corruption, les combines et autres pratiques malsaines dans le secteur minier guinéen. 

Les Guinéens tirent le diable par la queue. Corruption, favoritisme, collision entre cadres de l’administration publique et responsables des entreprises minières sont, entre autres, maux qui plombent le développement du pays. Saidou Diané, de la coalition PCQVP-Guinée a expliqué que le constat est parti de la pauvreté qui caractérise les différents pays qui font de l’exploitation des ressources minières. Il ne comprend pas pourquoi malgré l’exploitation massive des ressources minières, les retombées ne profitent pas aux populations. « C’est pourquoi, l’organisme s’est intéressé pour voir ce qui ne va pas dans le secteur. » PCQVP étant une organisation qui exige la transparence sur toute la chaine de valeur a voulu en savoir plus. C’est dans ce contexte que Publiez ce que vous payez, NRGI et d’autres organisations ont décidé de mener ce travail pour voir quel est l’état de la corruption dans le secteur minier guinéen. Il y a beaucoup de choses qui se passent dans le secteur minier, mais les gens ne sont pas au courant. Ce qui veut dire qu’il y a anguille sous roche ». Le rapport mentionne plusieurs manières de procéder à la corruption dans le secteur des industries extractives en Guinée, indique Saidou Diané. Selon lui, il y a notamment la sous-évaluation de la quantité de bauxite extraite, la dépréciation de la qualité de la bauxite, c’est-à-dire même la teneur exacte n’est pas donnée. « En Guinée, le contrôle n’est pas strict au niveau du CPDM (Centre de Promotion et de Développement Minier) qui procède à l’instruction, à la préparation des dossiers des personnes désirant investir dans le secteur minier en Guinée. Il y a un manque réel de suivi ou d’application des dispositions du Code minier relatif à cela. On ne mène pas les enquêtes réelles pour savoir qui sont ceux qui sont derrières les entreprises demandeurs des titres miniers. Il y a une collision, une entente entre les demandeurs des titres miniers et l’administration minière de la Guinée. Les entreprises quand elles viennent, souvent, elles ont des parrains, soit à l’Assemblée nationale, soit au ministère des Mines. Elles organisent ce qu’on appelle une corruption passive et active pour avoir des titres miniers, soit dans un temps record, soit faciliter l’obtention des titres, soit les mettre en rapport avec les dirigeants haut placés de l’Etat ».

Réduire ou freiner la corruption

Pour réduire ou freiner la corruption dans le secteur minier, Saidou Diané pense qu’il n’y a pas à réinventer la roue, les mesures sont déjà édictées dans le Code minier. L’obligation est faite aux entreprises minières de procéder à une adoption de plan de lutte contre la corruption. On leur demande de publier le plan de stratégie de lutte contre la corruption à leur sein, aussi à former leurs cadres contre cette pratique. « Il y a un arsenal juridique qui existe déjà. Au-delà, il y a une loi contre la corruption et le blanchiment des capitaux et les infractions assimilées qui a été adoptée en 2017 qu’il faut appliquer. Il faut également former les cadres guinéens, améliorer leurs conditions de vie, afin de les amener à une gestion rationnelle des ressources. Permettre aux ONGs qui évoluent dans la protection de l’environnement et de la promotion de la bonne gouvernance à avoir accès aux documents, éviter de cacher les contrats. Aujourd’hui, la plupart des contrats ne sont pas publiés », insiste Saidou Diané.  Selon lui, si ces facteurs sont remédiés, il y aura une exploitation rationnelle des ressources minières, pour un développement économique du pays. Vaste programme !

Mamadou Adama Diallo