Au moins quatorze personnes ont perdu la vie dans l’explosion d’un dépôt de carburant du port de la capitale guinéenne. Près de 200 personnes ont aussi été blessées. « Que s’est-il passé » ? La question formulée par Wakat Séra en Une est en fait celle qui anime la population, un peu plus de 24h après l’impressionnant accident. Le Monde Afrique décrit ainsi les « façades d’immeubles ravagées par le souffle de l’explosion et [l]es maisons effondrées » et surtout, cette « immense colonne de flammes et de fumée [qui] a dominé la capitale une bonne partie de la journée ».
« Qui, ou quoi, est responsable » de cet accident ? Pour l’instant les autorités n’ont pas avancé de cause, il va falloir attendre le résultat des enquêtes lancées par le gouvernement. D’ici là, Le Pays en est réduit à se demander si « ce drame […] est d’origine accidentelle ou criminelle ».
La plupart des journaux privilégient la première option, mettant en avant, comme Aujourd’hui au Faso, « le stationnement anarchique des camions-citernes dans la zone qui est à l’origine de cet incendie ». Même piste évoquée chez Wakat Séra qui pointe vers les autorités un doigt accusateur : « Comment laisser cohabiter un danger aussi important, comme les dépôts et camions citernes remplis d’hydrocarbures, avec les hommes ? »
La responsabilité de l’exécutif
L’incident réveille le souvenir de l’explosion au port de Beyrouth, en août 2020, en raison d’un stock de nitrite d’ammonium. Ce qui « pose le problème de stockage des produits sensibles et surtout la nécessité, pour les pouvoirs publics, de prendre toutes les mesures de sécurité ». La dangerosité du dépôt de carburant était effectivement connue : « Dire que cela fait des années que les populations demandent […] la délocalisation de ce dépôt qui ne devrait avoir sa place que loin d’elles »,se lamente Wakat Séra.
Et puis, cet incident met aussi en avant le manque de moyens. C’est peu dire, estime Guinée News, que la « riposte anti-incendie se passe de manière laborieuse […] faute de moyens humains et logistiques ».
Quant à la prise en charge des sinistrés, une série de mesures ont été prises par le gouvernement, allant de la gratuité des soins pour les blessés à la fermeture des écoles par sécurité. Wakat Séra ironise sur ces remèdes prescrits « par le médecin après la mort ». Heureusement, se réjouit Guinée News, qu’ « une grande chaîne de solidarité » s’est mise en place « de manière spontanée, grâce à la mobilisation de[s] citoyens ». Plusieurs personnes ont trouvé refuge dans une mosquée, et, raconte Le Monde Afrique, les blessés ont même pu compter sur « une campagne de dons du sang » organisée sur l’esplanade de cette même mosquée.
Mais attention à ne pas trop exploiter cette docilité, prévient Guinée News : « les Guinéens ont beau être dociles et résilients » lorsque la situation aura trop duré, « les risques de convulsions sociales deviendront plus grands ». « Au gouvernement, donc, de savoir raison garder. »
Avec RFI