L’Agence nationale de la gestion des urgences et des catastrophes humanitaires, Anguch, continue de recevoir les dons destinés aux sinistrés de l’incendie du dépôt d’hydrocarbures de Kaloum. La distribution des vivres aux familles des victimes se poursuit, mais des couacs sont relevés çà et là.
Le Palais des sports du 28 stade critique de Dixinn abrite les dons : riz, sucre, huile, oignon, farine, boîtes de conserve, jus de toutes sortes, habits, savon, excusez du peu ! Lancei Touré, le dirlo de l’Anguch, déclare que ces vivres, pour la plupart, pourront faire l’affaire plus de six mois. Sauf que sur le terrain, plaintes et couacs ne manquent pas. « Avant notre arrivée, il y avait de l’incompréhension. Tout le monde se retrouvait coincé ici », avoue Yamoussa Bangoureur, le vice-prési du Conseil national des organisations de la société civile (Cnoscg) et membre de la Commission de coordination des opérations.
« Nous regrettons le comportement des gens qui ne sont pas de Kaloum mais qui veulent bénéficier des dons à la place des sinistrés. Ils ne sont ni enregistrés sur la base des données de l’Etat ni sur celle de la société civile (déjà compilée). Nous invitons les autorités à agir afin que les sinistrés soient les seuls à recevoir les dons. Nous exhortons aussi l’Etat à prendre en compte les sinistrés qui n’ont plus d’abri, afin qu’ils soient accompagnés et sécurisés avec leurs dons. »
La distribution des vivres aux victimes de l’incendie du dépôt de car-brûlant a connu deux jours d’interruption, avant de reprendre le 4 janvier 2024. « Nous avions été interrompus dans la distribution par la demande croissante des personnes qui s’estiment être des sinistrés, mais qui ne figurent pas sur la base des données. C’est vrai que par endroit, les agents recenseurs sont passés sans recenser des chefs de ménages absents. Nous sommes en train de traiter les plaintes au cas par cas », explique Yamoussa Bangoureur. Et d’affirmer que la distribution a pris du retard, mais il jure, la main sur le palpitant, que tout sera bouclé d’ici à la fin de la semaine, en ce qui concerne les sinistrés enregistrés sur la base des données, précise-t-il.
Statistiques de la gestion
« Nous avons enregistré au total 2 141 ménages touchés dont 11 114 personnes touchées par l’incendie du dépôt d’hydrocarbures. Actuellement, 22 personnes sont hospitalisées, 432 autres sont sorties de l’hôpital, mais restent suivies », explique le Bangoureur. A date, selon lui, 1 960 des 2 141 ménages touchés ont bénéficié des dons. « Nous espérons finir la distribution des vivres aux sinistrés sur la base des données aujourd’hui (4 janvier 2024) », il restera les plaintes portées à 102 cas, pour le moment. « Nous continuons à les recevoir, nous espérons qu’elles seront closes en fin de semaine. »
Nature des dons
« Au moins, chaque victime a eu un sac de riz, un carton de savon, un bidon d’huile, du sucre, du jus… », nous glisse un agent de l’Anguch à l’entrée du Palais des sports. « Dans chaque concession, les distributeurs donnent au moins dix sacs de riz, des bidons d’huile, un carton de savon, un sac de sucre, un carton de boîte de jus, entre autres », nous file Aïssatou Bah, habitante de Tombo, l’un des cinq quartiers touchés. Selon elle, des citernes de la Société des eaux de Guinée (SEG) distribuent de l’eau à certains sinistrés. Une source nous confie que du cash sera aussi distribué aux sinistrés, sans en préciser le montant. « On a contacté MTN-Guinée, afin qu’il nous propose un plan de versement. »
Agressions
A Kaloum, les distributeurs des vivres sont accompagnés par des agents de sécu-raté. « Avant qu’on ne s’organise, des distributeurs du privé ont été agressés par des sinistrés, des non sinistrés se disaient victimes du drame. Aujourd’hui, les risques sont minimes. La société civile veille à l’exécution correcte de tout ce qui se passe. Il n’y a plus de déperdition de vivres », témoigne Yamoussa Bangoureur. L’objectif de la Commission de coordination, rappelle-t-il, est de « satisfaire les sinistrés enregistrés sur la base de données », se pencher sur les cas des plaintes, « puisqu’il y en a des cas avérés et il y en a qui ne le sont pas. Donc, on va tout examiner, au cas par cas. »
En attendant, les dons pleuvent sous botte surveillance de flics, pandores et bidasses.
Yaya Doumbouya