J’espère sincèrement que, pour une fois, Juste un mot a choisi le mot juste. Tant l’environnement phonologique du thème s’entrelace avec les principaux virages que notre Histoire a choisi de mal négocier. Ce n’est pas le lendemain de l’explosion du principal dépôt d’hydrocarbures de Coronthie que les Guinéens vont confondre capituler et récapituler. Personne ne souhaite voir un pays à l’arrêt, mais en 65 ans de son histoire, la Guinée indépendante a connu au moins trois périodes d’immobilisme absolu.

Immédiatement après le départ du méchant colon, ne restaient à la République de Guinée que  jeunesse, fierté, unité, ferme volonté de jouir de « la liberté recouvrée.» Contre toute attente, la gouvernance du PDG réussit l’exploit de conduire le pays à la ruine globale, sans discrimination ni d’ethnie ni de région. Si par ses moyens multiformes, la Révolution Trans-temporelle vous colle le délit de penser autrement, vous êtes bon pour le complot permanent et ses armes de destruction massive. Le centralisme démocratique, les méfaits de la révolution culturelle socialiste, la délation généralisée, la vérification des biens, le zèle des miliciens et que sais-je encore, sont vent debout pour engloutir toutes les valeurs matérielles, humaines, morales, sociétales d’une Guinée on ne peut plus agonisante. La faim, l’obscurantisme, la volonté de survie, le tout savamment moulu dans le Goulag du Parti-État,  parachève l’isolement  du pays. Aussi, le 22 novembre 1970, comme l’a dit Sékou Touré, « le peuple a défendu la Révolution, Dieu l’a sauvée. » Pas définitivement car condamnée par avance pour crimes de sang et autres injustices abominables.

Il a fallu tout reprendre à partir du 3 avril 1984 quand, devant un peuple en liesse, le Général Lansana Conté, alors Colonel, prit le contrepied de toutes les valeurs du PDG pour  faire le programme du Gouvernement du CMRN. L’embellie dura le temps de la Transition, jusqu’à l’adoption de la nouvelle Constitution du 23 décembre 1990. Pour parler comme Chinua Achebe, peut-être Babanguida, le monde s’effondre de nouveau en décembre 2008. Quelque 16 ans après, le procès des événements du 28 septembre 2009 est en train de montrer que décembre est notre moi; personne à l’époque ne s’est rendu compte que Dadis a ramassé le pouvoir dans la rue. Le pays était au point mort.

Bricole après bricole, promesse après promesse, déception après déception, CNRD après RPG, nous voilà devant l’explosion de Coronthie, le 17 décembre 2023. Le carburant brûle, les machines s’immobilisent. Avec elles, les hommes et les idées, parfois le bon sens. Les cadeaux foisonnent. Comment répartir ? Les questions s’amoncellent sur l’origine du crime. Qui pour expliquer ? Le Gouvernement travaille vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Qui pour le montrer ? Le ministre porte-parole semble enrhumé. Pédagogue à souhait, il a livré les raisons de la restriction des libertés fondamentales du citoyen. Personne n’a compris. Même pas les diplomates accrédités à Cona-cris. Eux qui semblent s’attribuer le  tout nouveau rôle  de société civile. Que voulez-vous ? La nature a horreur du vide.

Diallo Souleymane