Samedi 27 janvier, en assemblée générale hebdomadaire, le bureau politique national du Rpg arc-en-ciel a fustigé la gestion de la Transition. Il accuse les militaires de vouloir installer « une dictature », d’où le projet de l’installation générale des délégations spéciales à la tête des communes.
Marc Yombouno, du bureau politique national, invite militants et sympathisants à prier pour la remise en liberté d’Ibrahima Kassory Fofana, Mohamed Diané, Amadou Damaro Camara, Ibrahima Kourouma, Kabinet Sylla. Tous écroués depuis près de deux ans à la Maison centrale de Coronthie, pour des faits présumés de « corruption, de détournement de deniers publics, d’enrichissement illicite et de blanchiment de capitaux ». « Qu’il plaise à Dieu de nous venir en aide ! On ne parle plus de droit », regrette Marc Yombouno, ancien ministre du Commerce. Pour qui, les militants du parti doivent se féliciter du « triomphe de la vérité. Nous avons été lavés de la boue mise sur nous. Nous appelons à la reprise régulière des réunions. Nous tendons vers les élections et nous avons tous les atouts pour les gagner. Nous sommes un parti républicain qui conquière le pouvoir que par les urnes.»
Le bureau politique exprime son soutien aux combattants de la liberté de la presse, et du droit à l’information. Il demande la « libération pure et simple » de Sékou Jamal Pendessa, secrétaire général du Syndicat des professionnels de la presse de Guinée, embastillé le 22 janvier, pour ‘’manifestation non autorisée’’, entre autres. « Nous ne prendrons pas en compte tout ce qui a été dit, parce que la presse était embobinée. Mais elle a compris la vérité. Alpha Condé n’a jamais demandé à Canal+ de décrocher une télévision, non plus de brouiller une radio. Mais, nous sommes en train de vivre des faits inédits. Le courant est devenu un luxe, l’internet, on n’en parle pas », clame Marc Yombouno.
Et de désapprouver la visite du président Mamadi Doumbouya au Rwanda, le 25 janvier. Pour lui, le président rwandais Paul Kagamé n’est pas un modèle de démocratie. « Qu’Alpha Condé a fait un troisième mandat, il est mauvais, (…) Pourtant, on cherche à être ami à des gens qui ont fait trois, quatre ou cinq mandats. Notre télévision nationale est fière de présenter ces gens comme des modèles. En matière de démocratie, est-ce qu’on peut comparer ces gens à Alpha Condé ? Des pays où il n’y a pas d’opposants ! »
Pour Mohamed Lamine Kamissoko, du bureau politique, le président Paul Kagamé n’est qu’un « dictateur par nature, qui a tué tous ses opposants. »
On est en dictature
Mohamed Lamine Kamissoko doute de la neutralité et de la compétence du ministère de l’Administration du territoire et de la décentralisation à organiser des élections propres en Guinée. Pour lui, la junte ne vise qu’à « confirmer la mise en place des délégations spéciales afin d’aboutir à des députés fabriqués. Ceci étant, la base de la dictature sera installée. Une fois la base de la dictature installée, le monsieur pourra valablement se présenter. Voilà le schéma qu’ils préparent. Tout le monde doit comprendre cela. » Lansana Komara, le secrétaire administratif du Rpg arc-en-ciel, invite « à se donner la main afin que nous soyons débarrassés de la dictature. » Mohamed Lamine Kamissoko souligne que « la souffrance actuelle » du peuple de Guinée n’est pas « une fatalité, c’est une provocation. Dans cette souffrance, le peuple se livre à la manipulation, au mensonge, à la corruption. L’honnêteté, la justice et le patriotisme sont devenus des délits. Tout le monde veut tout de suite être milliardaire, ministre ou grand directeur pour voler les richesses de l’Etat.»
Yaya Doumbouya