Des confédérations et fédérations patronales guinéennes se désolidarisent de la Confédération générale des entreprises de Guinée. Elles accusent les patrons de la CGE-Gui de faire cavalier seul.
L’assemblée constitutive de la Confédération générale des entreprises de Guinée ou du moins le lancement des activités de la structure patronale se tient le 20 avril. Mais des voix s’élèvent déjà pour contester la démarche adoptée par le patron de la CGE-Gui, Ansoumane Kaba dit Guiters et ses alliés, Kerfala Camara dit KPC, Mamadou Antonio Souaré et autres. Une vingtaine de confédérations, de fédérations dont les transitaires, ferrailleurs, boulangers, pêcheurs et agriculteurs et d’autres du secteur privé se sont fait entendre le 16 avril, lors d’un point-presse. Ils accusent les responsables de la CGE-Gui de vouloir les écarter pour faire de la structure « un bien privé au détriment de l’intérêt général. »
Tout était pourtant bien parti lorsqu’à l’arrivée du CNRD, le Prési de la transition, Mamadi Doumbouya, demande au Patronat, divisé, de s’unir. Les responsables des 4 fédérations patronales existant à l’époque décident de dissoudre leurs organisations pour n’en faire qu’une seule. L’idylle n’aura duré que deux petites années, puisque les principaux acteurs du secteur sont en train de se déchirer. La pomme de discorde : le lancement des activités de la CGE-Gui, une structure patronale loin de faire l’unanimité. Des fédérations, non des moindres, n’ont pas été associées à sa mise en place : « Le patronat est composé des entreprises, des associations socioprofessionnelles, des confédérations et des fédérations. Aucune assemblée ne peut se tenir sans la participation de ces entités. Aujourd’hui, nous voyons une invitation de certaines entreprises à tenir une assemblée, alors que l’ensemble des associations, de fédérations…ne sont pas informées. Il y a violation des textes qui désignent les membres du patronat. Nous nous sentons exclu, parce que nous sommes partie intégrante du patronat », explique Kélétigui Touré, secrétaire général de la faîtière patronale des transitaires. Pourtant, toutes ces structures avaient reçu les lettres de dissolution des anciens patronats : « Nous avons mêmes été associés à la mise en place du bureau provisoire », ajoute-t-il. Mais cela s’est arrêté, ces contestataires sont écartés de l’élaboration des statuts, du règlement intérieur de la CGE-Gui, du choix de la date de l’assemblée, de l’ordre du jour.
Ils réclament le report de l’assemblée du 20 avril, demandent aux organisateurs de revenir à de meilleurs sentiments : « Nous continuerons à exprimer notre indignation face à cette exclusion du processus. Ce que nous demandons, c’est que l’assemblée soit organisée en bonne et due forme. Nous demandons au bureau provisoire de la CGE-Gui de prendre en compte la voix de tout le monde », s’exclame un autre contestataire.
Alsény Diallo de la fédération des pêcheurs de renchérir : « C’est le patronat qui défend les entreprises, pourquoi il ne consulte pas les fédérations à la base ? Aujourd’hui, la pêche artisanale par exemple rencontre assez de difficultés suite à la pollution causée par les miniers. Mais ce n’est pas le souci du patronat, ce qui le préoccupe, c’est d’organiser des assemblées en catimini. »
Ces contestataires promettent de tout faire pour empêcher la tenue de l’assemblée constitutive du 20 avril. Par quel moyen ? C’est la grosse question.
Yacine Diallo