Des coalitions politiques et de la société civile réunis au siège de l’UFDG, Union des forces démocratiques de Guinée décident de mettre la pression à la junte afin qu’elle rectifie « sa démarche cavalière » dans la gestion de la transition.
On est à huit mois de la fin de la transition de 24 mois conclue avec la Cédéao, Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, et la junte traîne le pas dans la mise en œuvre des dix étapes du chronogramme. La classe politique et la société civile subodorent un glissement du chronogramme, voire une confiscation du pouvoir.
Lundi 22 avril, au siège de l’Ufdg à Commandanyah, partis et coalitions politiques, organisations de la société civile indiquent, dans une déclaration, avoir pris acte de « la décision désormais assumée du CNRD, Comité national du rassemblement pour le développement, de ne pas organiser les élections à cette échéance dans l’unique but de se maintenir aussi longtemps que possible au pouvoir.»
Les coalisés entendent contraindre le CNRD à respecter ses engagements, à savoir organiser « les élections nécessaires » au retour à l’ordre constitutionnel avant décembre 2024. Les moyens légaux de pression, dont le recours aux manifestions de rue et sur les places publiques.
«A défaut d’obtenir la satisfaction de cette revendication, les signataires de la présente déclaration se réservent le droit d’exiger le départ de la junte et la mise en place d’une transition civile capable d’organiser dans un délai raisonnable des élections crédibles permettant aux Guinéens de choisir librement leurs dirigeants », précise la déclaration.
Les Guinéens sont invités à se mobiliser pour répondre « avec la plus grande combativité, aux mots d’ordre qu’ils ne tarderont pas à lancer afin d’exiger l’organisation des élections inclusives, libres et transparentes avant la fin de cette année.»
« Le marché de dupes »
Edouard Zotoumou Kpoghomou, le leader de l’UDRP, Union démocratique pour le renouveau et le progrès et membre de l’ANAD, Alliance nationale pour l’alternance et la démocratie, accuse la junte de manquer à ses engagements vis-à-vis du peuple de Guinée. « Pour nous, l’accord de 24 mois avec la Cédéao est un marché de dupe. Il y a 24 mois de transition accordés au CNRD, plus 16 mois de bonus. Et, il y a une certitude réelle de glissement de calendrier. C’est pourquoi, l’ANAD, les Forces vives de Guinée et les autres prennent la responsabilité de mobiliser afin que le chronogramme de 24 mois soit respecté et implanté. La parole doit être respectée, parce que le soldat, c’est sa parole.»
Pour, M. Kpoghomou la transition «a complètement déraillée », la classe politique espérait que le Premier ministre Amadou Oury Bah allait se servir de son expérience afin de « recadrer la transition. Hélas, il a été la voie par laquelle le CNRD est passé pour tâter le terrain : le glissement de calendrier ».
Yaya Doumbouya