Alors que les spéculations sur la mort du général Sadiba Koulibaly vont bon train, le Barreau de Guinée sort de sa réserve et demande des comptes à la junte militaire.

L’ex chef d’état-major général des armées, tombé en disgrâce avec le CNRD purgeait une peine d’emprisonnement de 5 ans prise à son encontre par le tribunal militaire permanent le 14 juin. Sur les causes de son décès, pas d’explication plausible en dehors de celle mentionnée dans le communiqué laconique du pro-crieur militaire. Outre l’indignation sur la toile, c’est le Barreau de Guinée qui est la première organisation à exiger de la junte des explications. L’organisation, en dehors du fait que le décès ait été déclaré seulement 4 jours plus tard, soulève des questions. : « Il est important de noter, sans se prononcer sur le fond du procès qui a été ouvert contre lui et sept autres militaires, les faits suivants : Après sa condamnation, il a été conduit dans un endroit inconnu au lieu d’être détenu à la maison centrale. Ce qui a empêché ses avocats d’être en contact avec lui pour préparer son procès en appel… Ces faits contribuent malheureusement à créer une atmosphère de peur dans la cité, mais aussi des doutes sur les causes et les circonstances du décès du Général Sadiba Koulibaly. »

Le Barreau de Guinée peste aussi contre les sanctions prises contre le défunt avant même que sa condamnation ne soit définitive : « Sa radiation est intervenue alors que le jugement qui le condamne n’est pas encore définitif. Ce qui constitue une violation de l’article 38 de la loi n° 001/CNT/2012 portant statut général des militaires et surtout de la présomption d’innocence. »

Le général Sadiba Koulibaly était jugé avec six de ses gardes, notamment pour « détention illégale d’armes ». Eux, ont été renvoyés des fins de la poursuite, mais restent encore introuvables : « Les six militaires jugés dans le même procès que lui, ont été renvoyés des fins de la poursuite pour délits non constitués. Mais au lieu d’être mis en liberté, ils continuent d’être privés de leur liberté en violation de l’article 546 du Code de procédure pénale. Un autre militaire qui avait bénéficié d’un non-lieu dans la même affaire est toujours détenu dans un endroit inconnu. Le Barreau de Guinée, fidèle à sa tradition, condamne fermement ces pratiques que le peuple de Guinée croyait à jamais révolues. »

L’organisation exige l’ouverture d’une enquête indépendante, à laquelle elle serait associée, pour « déterminer notamment les causes et les circonstances de la mort du Général Sadiba Koulibaly. »

Les avocats du défunt n’ont cessé de dénoncer l’absence de leur client à la Maison centrale, alors qu’il avait déjà été jugé et condamné. Le Barreau accuse le pro-crieur militaire près le tribunal militaire de première instance permanent de Conakry et le procureur général près la Cour d’Appel de Conakry d’inactions. Il exige de ces deux magistrats l’indication « sans délai, à l’opinion nationale et internationale, le lieu où était détenu le général Sadiba Koulibaly, ainsi que celui où sont détenus les autres militaires. »

Le Barreau exige la mise en liberté immédiate des militaires libérés par la justice, mais encore dans les mains des militaires.

Yacine Diallo