Le 30 mai, une mission de haut niveau pour la sauvegarde du Massif du Fouta-Djalon a séjourné en Guinée. Conduite par Dr Robert Gouantoueu Gueï, directeur sous-régional de la FAO pour l’Afrique de l’Ouest, la mission composée de représentants de l’UNISS, de la CEDEAO, du PAM et de cadres des ministères sectoriels guinéens a visité la tête de source du fleuve Gambie à Labé (Tountouroun).
Objectif ? Sensibiliser sur l’importance cruciale de la gestion des ressources naturelles, notamment les ressources en eau, non seulement pour la Guinée, mais aussi pour l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest. D’autant plus que de nombreux fleuves prennent source dans le massif du Fouta-Djalon.
Le Directeur sous-régional régional de la FAO pour l’Afrique de l’Ouest, Dr Robert Gouantoueu Gueï, s’est adressé à la population : « Vous vous occupez d’un bien qui est commun à toute l’Afrique de l’Ouest et au-delà. La tête de source que nous allons visiter donne naissance à un grand fleuve qui s’appelle le fleuve Gambie. Il y a des milliers d’africains qui vivent de cette eau en matière d’agriculture, d’énergie, de pêche… Donc, c’est vous qui rendez service à beaucoup d’africains en vous occupant de cette tête de source ».
Dr Guei a alerté les populations sur l’urgence de sauver le massif « le niveau de l’eau dans ce fleuve est entrain de diminuer, c’est une mauvaise nouvelle pour nous tous. Avant, il y avait beaucoup de forêts et ces forêts ont disparu, occasionnant le réchauffement de la terre. Tout ça fait que votre climat change au niveau du massif Fouta-Djalon et cela joue sur l’eau souterraine ».
Le DG de la Fao en Afrique de l’ouest a promis qu’avec l’aide des autorités guinéennes, de la communauté internationale, des appuis peuvent être apportés aux riverains pour inverser cette situation de « moins de pluies a beaucoup de pluies », pour qu’on puisse avoir de l’eau non seulement pour la Guinée et la sous-région. Il a invité les autorités locales, des eaux et forêts, et tous les acteurs concernés à se donner les mains pour sauver le massif, parce que le manque d’eau peut conduire à des conflits.
M. Abdoulaye Mar Dieye, sous-secrétaire général adjoint des Nations unies et coordonnateur spécial pour le développement du Sahel, a plaidé pour une réponse rapide et à grande échelle, au-delà du reboisement, en incluant la création d’activités génératrices de revenus pour les jeunes, l’éducation des filles et la promotion de pratiques agricoles durables.
Mme Massandjé Touré-Litsé, Commissaire aux Affaires économiques et à l’Agriculture de la CEDEAO, a insisté sur la nécessité d’une action concertée et multidimensionnelle de la part de l’organisation pour préserver le Massif du Fouta-Djalon, un château d’eau vital pour l’Afrique de l’Ouest. Elle a réaffirmé l’engagement de l’organisation sous-régionale « à jouer un rôle de premier plan dans la gestion durable de ses ressources naturelles. C’est un problème qui dépasse le cadre de la Guinée et il était impératif que la CEDEAO apporte sa pierre à l’édifice ».
Cette visite serait le début d’une série de programmes visant à améliorer la gestion de l’eau et à renforcer la résilience des communautés locales face aux défis environnementaux. Car, la mission conjointe (FAO, UNISS, CEDEAO, PAM) s’engage à soutenir les initiatives locales pour une gestion durable de ces ressources en eaux.
Enfin, à travers « l’Appel de Labé pour la sauvegarde du massif du Fouta-Djalon », les membres de la mission conjointe et le gouvernement guinéen ont plaidé pour la mise en œuvre de programmes de gestion intégrée et durable des ressources naturelles : reboisement, agroforesterie, lutte contre l’érosion, etc. ; le soutien aux populations locales : développement d’activités génératrices de revenus, renforcement des capacités ; la mobilisation des ressources financières : pour la mise en œuvre de projets concrets de protection et de valorisation du massif.
Le massif du Fouta-Djalon, un patrimoine naturel transfrontalier, subit depuis quelques années une dégradation accélérée de ses ressources naturelles, suite aux changements climatiques et aux interventions humaines. Or, l’ampleur et la diversité de son réseau hydrographique s’étend sur neuf autres pays de l’Afrique de l’Ouest que sont le Bénin, la Gambie, la Guinée-Bissau, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Nigeria, le Sénégal et la Sierra Leone.
Il abrite également les têtes de source et les bassins supérieurs de sept fleuves partagés par la quasi-totalité des pays de l’Afrique de l’Ouest, notamment la Gambie, le Niger et le Sénégal et un certain nombre de petits cours d’eau. Il est également l’une des principales sources de réalimentation des eaux souterraines de la sous-région, essentielles pour répondre aux besoins domestiques et agricoles des populations.