Le 31 mai, l’assemblée générale hebdomadaire du MoDeL (Mouvement démocratique libéral), a tourné autour de deux points : informations générales du parti, verdict du procès en appel du président, Aliou Bah, et les suites judiciaires envisagées. La rencontre a été dirigée Moïse Diawara, porte-parole du parti.
Au siège du MoDeL à Nongo, samedi 31 mai, l’ambiance était bien morose. Les responsables affichaient une profonde déception, visible sur leurs visages avec un moral en berne. Aliou Bah restera en détention, après la confirmation de sa condamnation à deux ans de prison de ferme pour « offense à Mamadi Doumbouya » par la Cour d’appel de Conakry le 28 mai. L’arrêt a affecté la mobilisation : l’assemblée générale a été boudée par de nombreux militants. Des absences notoires ont été remarquées, notamment celles des cadres du parti : le vice-président Mamadou Lamarana Barry, le secrétaire général Kenda Sow et le responsable des affaires juridiques, Mamadou Malal Diallo.
Sur le plan organisationnel, les dirigeants du MoDeL reconnaissent l’existence de quelques anomalies dans les statuts et le règlement intérieur du parti. Ils prévoient de les corriger rapidement, afin de pouvoir organiser le prochain congrès dans de bonnes conditions.
Une étape de plus
S’exprimant sur l’arrêt de la Cour d’appel de Conakry, Moïse Diawara s’est dit choqué, mais pas surpris. Selon lui, la décision judiciaire ne marque pas la fin du combat : « Ce n’est qu’une étape franchie. Nous allons saisir la Cour suprême. Si elle se prononce en faveur du président Aliou Bah, ce sera une victoire pour nous. » Il déplore une justice instrumentalisée : « Nous avons espéré que la magistrate se hisse au-dessus des pressions, qu’elle tienne compte des principes de séparation des pouvoirs, malheureusement l’instrumentalisation a triomphé. »
Le MoDeL dit prendre acte du verdict, mais n’abdique pas : « Nous n’acceptons pas cette condamnation. Rester silencieux reviendrait à l’approuver. Nous voulons montrer à l’opinion nationale et internationale que nous ne sommes pas coupables des faits reprochés. » Les avocats du parti qui ont déjà porté l’affaire devant les juridictions de la CEDEAO envisagent de passer à la vitesse supérieure, en saisissant d’autres juridictions internationales.
Au-delà d’Aliou Bah ?
Pour Moïse Diawara, la bataille dépasse la seule personne d’Aliou Bah : « Si la CEDEAO se prononce en notre faveur, le monde verra qu’il est innocent, victime d’acharnement et de tentatives d’exclusion du processus électoral. »
Aliou Bah, malgré sa condamnation, aurait demandé à ses partisans de rester mobilisés, de poursuivre le combat pour la liberté, la justice et le droit. Il aurait insisté pour que le fonctionnement du parti ne soit pas entravé par sa situation. « S’il n’y avait pas d’instrumentalisation de la justice, Aliou Bah aurait dû être libéré dès la première instance. Notre justice est aujourd’hui politisée. Si vous n’êtes pas du côté du pouvoir, vous êtes perçu comme un ennemi à éliminer », a indiqué Diawara.
Depuis la condamnation d’Aliou Bah, les indignations se succèdent. Le MoDeL se réjouit du soutien croissant, y compris au niveau international. «L’Union européenne, la France et plusieurs autres puissances étrangères s’inquiètent de cette injustice. Nous restons convaincus que l’histoire nous donnera raison, que la vérité triomphera. Aliou Bah deviendra un jour président de la République », a déclaré un autre cadre du parti.
Abdoulaye Bah