La chape de plomb qui vient de s’abattre sur toutes les voix dissonantes est la preuve qu’en matière de liberté et de démocratie, rien n’est définitivement acquis. Particulièrement dans notre pays qui s’est illustré tout au long de son histoire dans les violations des droits de l’homme. Le retour des méthodes anachroniques et rétrogrades, inimaginables après l’effondrement du mur de Berlin et la Baule, s’explique par l’histoire sanglante de notre pays.
De même l’impunité des commanditaires et les exécutants, dans leur premier communiqué de prise du pouvoir par le CMRN qualifiant de « 26 ans de pèlerinage douloureux. » Vraisemblablement, le procès en cours de tragédie du 28 septembre 2009 n’a visiblement pas découragé les adeptes de la révolution dévoratrice de ses fils. L’enlèvement d’Oumar Sylla alias Foniké Menguè et de Billo Bah nous ramène aux années 70, où avoir une belle femme pouvait conduire le mari à la fosse commune.
La terreur actuelle, qui viserait à faire capituler le plus téméraire des Guinéens, ne réussit à pas à tous les coups. Si certains s’en remettent au bon Dieu, bien d’autres, comme les hommes de droit, se rebiffent, tel le pro-crieur près la Cour d’Appel de Cona-cris. Cet homme ne s’encombre pas de formules ambiguës, parle d’enlèvement de citoyens. Avant lui, le barreau évoquait des séquestration, enlèvement, traitements dégradants. Et même des crimes contre l’humanité.
Ces trente dernières années, plusieurs entités se sont illustrées dans la lutte pour l’instauration de la démocratie et l’Etat de droit dans notre pays. A tout seigneur tout honneur, les partis politiques dont c’est la vocation, tour à tour les médias privés, les organisations de la société civile, dans leur version ONG, le syndicat, les auxiliaires de justice dont le barreau. Le barreau vient de suspendre sa participation à toutes les audiences jusqu’au 31 juillet.
Les autres entités sont devenues aphones. D’autres, comme les principales radios et télévisions privées ont subi le même sort que la Constitution et l’Assemblée nationale. Seule la presse écrite survit. Mais les princes qui nous gouvernent savent que très peu lisent les journaux. Au reste, le journal n’a jamais perturbé le sommeil du prince. Au contraire, il apporte de l’eau à son moulin. Les hauts perchés ont beau jeu de brandir les titres critiques devant diplomates et partenaires étrangers pour prouver que la liberté d’expression existe bel et bien.
Le parti politique qui a mis des bâtons dans les roues du prési-Grimpeur, l’ancien parti au pouvoir, le parti qui faisait la navette entre les deux, sont tous dans l’œil du cyclone. Les deux premiers, dans leurs traditionnelles assemblées générales hebdomadaires respectives, ménagent la chèvre et le chou. Les médias traditionnels décapités, leurs déclarations prudentes sont relayées par les réseaux sociaux. Mais ces déclarations font penser au reptile assommé, au bord de rendre le dernier souffle. Un baroud d’honneur.
Quant au syndicat, l’exilé d’Ankara l’avait mis hors d’état de nuire. Le barreau guinéen, lui ose, il a pris une position très tranchée au risque de se retrouver au mieux dans une cellule. Sa déclaration sans ambages et sa décision de suspendre toute activité jusqu’à la fin de ce mois est la preuve, s’il en est, que cette entité est aujourd’hui la seule qui ose véritablement dire haut tout ce que les autres murmurement sous le lit. Et ma foi, les derniers événements, ponctués de rumeurs les plus folles, ne sont pas de nature à encourager le plus téméraire à dénoncer le retour aux méthodes que l’on croyait à jamais révolues. La lecture des réseaux sociaux, indique si les auteurs vivent à l’étranger ou à dans le bled. Là, la liberté de ton. Ici, les prudence et frilosité.
Les plus pessimistes n’avaient pas prévu tel scénario. Si notre Général Fory Coco revenait sur la terre de ses ancêtres, il interpellerait ces acteurs qui, par leur intransigeance, avaient contribué à aggraver son état de santé. En leur reprochant les deux poids deux mesures entre deux généraux. Et de se flatter du titre de père de la démocratie. Le prési Alpha Grimpeur, observant ce qui se passe dans son pays, se souviendra probablement du dicton : « Celui qui dit tue-moi, ce qu’il n’est entre les mains de son ennemi, sinon, il va plutôt s’écrier : Au secours, il m’a tué ». Sans voulour contrarier son nouvel allié, il rappellerait La Petite Cellule Dalein Diallo sa bravade, offrant en cible sa poitrine aux forces de l’ordre à la gâchette facile.
La Guinée a renoué avec ses vieux démons. Comme l’a dit un dépité sénéglaid, « tous les Guinéens sont en sursis ». Chacun attend anxieusement son tour. Non celui d’EDG, mais pour prendre la destination d’Oumar Sylla et de Billo Bah. Avec la terreur, les politiques et les activistes de la société civile en exil renvoient leur retour au pays aux calendes grecques. Les esprits CNRD se frottent les mains. Ils pensent, et pour longtemps encore, continuer à traire la vache laitière.
Après plus de 30 ans de lutte pour la démocratie et l’Etat de droit, c’est le retour à la case départ. C’est qu’il a été construite notre démocratie sur du sable mouvant. Un Etat de droit véritable se construit sur la primauté de la loi, non sur l’impunité.
Habib Yembering Diallo