A l’avènement du CNRD au pouvoir, les nouvelles autorités s’étaient engagées à mettre fin à un certain nombre de faits et méfaits qui gangrènent la société guinéenne. Parmi lesquels les barrages routiers où les citoyens font l’objet de rackets. Cette corruption à ciel ouvert qui suit les Guinéens comme leur ombre.
Dans la foulée, le ministère de la Sécurité et de la Protection civile avait demandé aux citoyens de dénoncer des cas de corruption dont les agents pourraient se rendre coupables. Ces derniers ont alors observé une courte pause. Ce qui fit rêver les Guinéens, leur pays va se conformer aux pratiques orthodoxes. Autre motif d’espoir, le déploiement des agents le long de nos routes. Au départ courtois, ils étaient intransigeants contre les infractions routières, mais ils ont vite renoué avec les anciennes pratiques.
Désormais, le barrage de Kaka (Coyah) a toutes les caractéristiques de ceux qu’on a connus autrefois au Km 36 ou à Kouriah. Tous les corps de sécurité ou presque y sont représentés. Les passagers sont parfois débarqués, pour se faire identifier au poste de garde comme des étrangers traversant un poste frontalier. Ceux qui ont la malchance de n’avoir pas une pièce d’identité, doivent débourser 10 mille francs guinéens.
Les gendarmes, mieux formés, essaient parfois de faire la différence. Mais les militaires les tirent vers le bas. Pendant que les agents réclament des papiers, boite pharmaceutique, reçu du contrôle technique aux automobilistes qui ne peuvent pas ou ne veulent pas être désagréables, ils laissent passer des minibus remplis comme une boîte de sardine sur lesquels des passagers sont accrochés à l’arrière ou perchés sur le porte-bagage. Jusqu’à récemment, ces passagers suicidaires descendaient avant d’arriver au barrage, pour le traverser à pied. Désormais, ils agissent au vu et au su des agents qui n’ont qu’un seul souci : comment se remplir les poches.
L’indifférence des agents pour la sécurité routière s’est illustrée le 21 juillet dernier ; à 100 mètres seulement du barrage de Kaka, un camion benne a terminé sa course dans un ravin. Il obstrue le passage, pour des jours. Un camion l’a percuté de plein fouet. Malgré tout, une semaine après l’accident, le camion était encore sur les lieux le 28 juillet, avec tous les risques qu’il représente pour les usagers de la route.
Les agents sont intraitables avec certains usagers mais complaisants avec d’autres. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, pendant qu’ils exigent le contrôle technique aux véhicules des particuliers et relativement en bon état, les épaves, elles, ne font l’objet d’aucun contrôle. C’est comme s’il y a deux citoyens : celui qui doit être contrôlé et verbalisé et celui qui jouit d’une impunité totale. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, en Guinée, c’est monsieur tout le monde qui est le roi. Les camions bourrés du charbon et autres fruits, sont exempts du fameux contrôle technique. Parce que le contrôleur même ne veut pas les contrôler.
Habib Yembering Diallo