A la prise du pouvoir en Guinée par une junte militaire le 5 septembre 2021, l’espoir semblait renaître, car des lignes droites avaient été tracées pour sa bonne conduite : libération des prisonniers politiques, d’activistes de la société civile, appel au dialogue, audit de la gestion de l’État, rapprochement avec une population qui était lassée par une situation devenue insupportable. Mais comme le Guinéen est parfois difficile à comprendre, il fallait donner un peu de temps aux nouveaux maîtres et à leurs collaborateurs pour découvrir leur vraie face. Cette trajectoire est en déroute et la boussole tant vantée ne guide pas dans le bon sens.

Qu’est ce qui a changé aujourd’hui ?

Il n’est pas aberrant de dire que la transition guinéenne est en perte de vitesse. Les paroles données sont transgressées, les promesses ne sont pas tenues, les erreurs du passé sont répétées de plus belles et  de nouvelles voies vers l’oppression et la dictature sont continuellement tracées. Les intentions et les ambitions des auteurs du coup d’État contre Alpha Condé se révèlent au jour le jour. La Guinée avance à reculons.  Le peu de progrès réalisé ou constaté à un moment donné est en train de se dissiper dans les dérives autoritaires qui se commettent du jour au lendemain. Ceux qui se sont érigés en sapeurs-pompiers le 05 septembre 2021 attisent plus le feu qu’ils en ont éteint à l’aube du dimanche. Maints actes posés par ceux qui étaient considérés sauveurs  prouvent à suffisance que les raisons du putsch sont ailleurs.

L’arrestation des activistes Foniké Menguè et Mamadou Billo BAH ce mardi 09 juillet 2024 éveille les vieux démons qui s’étaient réveillés et ne sont pas de nature à apaiser la situation délétère. La divagation du Premier ministre et du porte-parole du gouvernement par rapport au respect du chronogramme de la transition confirme les soupçons d’une confiscation du pouvoir. Le dandinement du cadre de dialogue inter-guinéen explique le fossé qui se creuse entre la junte et les acteurs sociopolitiques du pays, du moins, ceux qui sont pour un retour rapide à l’ordre constitutionnel.

La fermeture de certains médias et son cortège de chômage et de violation du droit à l’information plurielle engendre plusieurs conséquences. Des Guinéens privés de leur travail (métier de journaliste), des familles appauvries, etc.

Sur le plan social, la situation n’est pas tenable. Le Guinéen broie du noir, ce qui était un lointain souvenir. La gestion de la desserte en électricité est un recul de mille pas en arrière. Le panier de la ménagère est maigre. Les prix des denrées de première nécessité connaissent une hausse vertigineuse sur le marché. La situation va de mal en pis.

Catastrophes et calamités

Certes les catastrophes sont d’ordre naturel souvent, mais actuellement, les incendies, les accidents de la circulation, les inondations tuent plus que les épidémies. Quelles sont les efforts concrets fournis par la junte et son gouvernement pour soulager la population, déterminer les vraies causes de ces calamités et les minimiser ?

Rien n’est encore perdu. Le Général Mamadi Doumbouya qui a le gouvernail du paradis a encore de la possibilité pour sauver le navire qui tangue. Mon Général, pendant qu’il est encore temps,  prêtez des oreilles attentives à ceux qui ont des positions contraires à certains membres de votre entourage qui privilégient leur intérêt personnel au détriment celui national.

Par Babanou Timbo Camara, journaliste