Parler de crise d’électricité en Guinée n’est que lapalissade, tant le phénomène est vieux et récurrent. On en parle, pour tout dire, qu’à Conakry, les villes de l’intérieur n’étant que ponctuellement et peu desservies. Malgré l’existence d’un projet d’électrification rurale mis en place il y a des lustres, les zones rurales ne peuvent actuellement espérer bénéficier de l’électrification. Loin s’en faut. Mais comme enseigne le vieil adage, « il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer ». Elles peuvent toujours s’en remettre à Dieu et ses anges, voire ses saints.

La crise d’électricité en Guinée ressemble bien, dorénavant, à un casse-tête chinois, en signe indien. Les gouvernements se succèdent, tentent d’y remédier. Nenni ! En 1996, le Premier ministre Sidya Touré, fraîchement rentré de Côte d’Ivoire, pétri d’expériences engrangées au pays du « Vieux », a l’air de réussir. Malheureusement, ses succès lui attirent de l’inimitié et il est débarqué au bout de trois ans. Il émerveille les Guinéens par sa clairvoyance relative aux questions de développement. Pendant un moment, ses réponses novatrices à la crise de l’électricité éloignent les ténèbres guinéennes.

Après lui, le Général Conté entreprend la construction du barrage hydroélectrique de Garafiri. L’espoir renait. Le Président français, Jacques Chirac, aux côtés de son homologue guinéen, participe à l’inauguration de l’ouvrage qui est considéré comme le projet du siècle par les thuriféraires du régime. L’œuvre fit long feu !

La montagne a accouché d’une souris

Concomitamment à ces efforts infrastructurels, des réformes institutionnelles sont initiées dans le secteur pour en améliorer la gouvernance et, conséquemment, la performance. Rien n’y fait. Puis arrive le «Professeur Tournesol», passé maître dans l’art de promettre. En onze ans de mandats, il faut «bricoler» Kaléta et Souapiti. La desserte s’améliore significativement. L’option salaire est encouragée. Mais lorsque le champion du RPG-Arc-en-ciel trébuche en septembre 2021 et tombe, les langues se délient. On apprend alors que l’amélioration de la fourniture de l’électricité n’était pas d’origine hydraulique mais résultat de l’apport de l’installation thermique d’une plateforme louée aux Turcs ??? Kaléta et Souapiti, c’est la montagne qui a accouché d’une souris ! Le tapage médiatique produit et les résultats atteints font penser à du pipeau.

Toutes ces superpositions de bonnes et mauvaises politiques d’électrification associées en dérèglement climatique ont abouti, à présent, à la situation préoccupante du secteur (éclairage domestique, éclairage public, fonctionnement des industries, etc). Comme l’agriculture, l’éducation, la santé, l’électricité requiert des états généraux avec la participation étoffée des principaux et traditionnels partenaires dans le secteur (Banque Mondiale, Banque Africaine de Développement, Canada, Japon, Allemagne etc…) Il est temps. La Guinée doit veiller à assurer désormais son indépendance énergétique, c’est-à-dire atteindre la capacité à satisfaire de manière autonome ses besoins en la manière.

Abraham K. Doré