L’Etat guinéen naît en 1958 à la suite d’une longue lutte politique et syndicale qui a connu son point d’orgue dans le Non massif au référendum gaulliste de septembre 1958. Cet exploit politique inattendu a été salué à sa juste valeur par tous les Etas progressistes de la communauté internationale. Tout le monde s’accordait alors à prédire pour la jeune république un avenir de gloire et de prospérité ainsi que de modèle à suivre par les autres Etats coloniaux d’Afrique et d’ailleurs.

Mais c’était sans compter avec le côté sournois du destin. Le grand héros de l’indépendance, Sékou Touré en l’occurrence, a vite fait de revêtir le manteau de chef despotique au pouvoir incontrôlable, il s’est attelé activement et patiemment à éliminer tous ses adversaires ou supposés tels qu’il qualifiait de « traitres de la révolution » ou de « 5ème colonne du complot permanent des nostalgiques du passé ».

Tout au long des 26 longues années que durera le régime du PDG-RDA, la Guinée a connu une descente aux enfers. L’idéologie socialiste prônée et soutenue d’une main de fer par le dictateur a plombé toute évolution normale du pays. Elle a favorisé l’élimination souvent physique de la crème de l’intelligentsia, chosifié les masses populaires qui n’avaient de choix que de chanter et danser pour le « Responsable suprême de la révolution ». Les bras valides qui échappaient au camp Boiro et autres geôles du régime s’exilaient en masse dans les pays voisins. La production, dans tous les secteurs d’activité, a connu son plus bas niveau de développement.

Sékou Touré meurt le 26 mars 1984, l’armée prend les rênes du pouvoir une semaine plus tard. La misère a tant gangrené la vie du peuple que les militaires et quelques civils cooptés par eux optent pour l’enrichissement personnel en dépit des déclarations pour le redressement national. Le premier magistrat d’alors, le Général Lansana Conté, conseille à ses compagnons de « prendre un peu tout en servant le pays. » Ce deuxième régime finira lamentablement dans le chaos économique et dans le sang. Les pouvoirs qui ont suivi, ceux de Moussa Dadis Camara, de Sékouba Konaté et d’Alpha Condé, n’ont fait que creuser davantage la misère du peuple, misère aux multiples visages politique, économique, social et culturel.

Maintenant, c’est le Général Mamadi Doumbouya qui, à la tête du CNRD et comme dans un pays au destin maudit, emboîte le pas de ses prédécesseurs : la corruption, la gabegie financière, les arrestations arbitraires, le musèlement des médias et autres maux ont pris du galon.

Le péché originel de l’Etat guinéen, c’est bien cette misère endémique entretenue au fil des décennies par des dirigeants corrompus, antipatriotiques. Comment mettre fin à cela et sous quel leadership ? Voilà des questions qui devraient préoccuper nos esprits.

O. TIERO