Le 20 juillet, les Guinéens établis en Europe ont manifesté en France pour exiger la libération d’Oumar Sylla alias Foniké Menguè et Mamadou Billo Bah du FNDC, mais aussi pour un retour rapide à l’ordre constitutionnel. L’occasion pour les organisateurs de mettre en garde le CNRD.

Ils ont afflué par dizaines vers la place Clichy à Paris à l’appel de l’antenne-Paris du Front national pour la défense de la Constitution. Histoire de crier leur ras-le-bol vis-à-vis de ce qui se passe en Guinée sous la junte. Des Guinéens d’un peu partout à travers le Vieux-continent afin de montrer à Mamadi Doumbouya et le CNRD qu’ils sont contre les arrestations « arbitraires », les velléités de la junte de confisquer le pouvoir. Chauffés à bloc, ils n’ont de cesse de crier : « Doumbouya, zéro ! Doumbouya, assassin ! Libérez Foniké Meguè ! Libérez Billo Bah ! A bas le CNRD ! A bas la dictature ! Vive le retour à l’ordre constitutionnel ». Sékou Koundouno, responsable des stratégies et de la planification du FNDC de mettre en garde le Président de la transition : « Nous avons manifesté pendant 10 ans, si Doumbouya est prêt au chaos, nous ne nous laisserons pas faire. Nous avons plus de 500 morts pendant les manifestations, trop c’est trop. S’ils sont prêts à déstabiliser la Guinée, nous leur barrerons la route. »

Ces deux dernières semaines, ont circulé des rumeurs faisant état de Foniké Menguè et Billo Bah « déportés sur l’île de Kassa », soumis à des séances de tortures pour se faire extorquer des aveux. Les activistes seraient mal en point. D’aucuns commencent à s’inquiéter pour leurs vies. Sékou Koundouno est sans équivoque : Foniké Menguè et son codétenu sont encore en vie et dans les mains de la junte. Il en appelle à la communauté internationale : « C’est un appel que je lance à la France, à Emmanuel Macron, aux Nations-Unies, à la CPI,…à tous ceux qui veulent que la paix et la stabilité règnent en Guinée, c’est le moment d’agir… On ne laissera pas quelqu’un faire de la Guinée ce qu’il veut… Nous sommes informés qu’ils ont acheté beaucoup, recruté beaucoup, mais nous ferons en sorte que les rapports de force soient proportionnels. Des ignorants qui n’ont aucune connaissance de l’Etat ne peuvent pas nous réduire au néant… Foniké Menguè est trop gros pour disparaître. Qu’ils nous les remettent tous. Rien n’est arrivé à Foniké Menguè et Billo Bah. Ils sont gardés par Doumbouya… », a affirmé Sékou Koundouno.

Des activistes de la société civile tchadienne et le député de La France insoumise (LFI), Aurélien Saintoul, ont participé au meeting. Le député demande à la France de se bouger : « Nous ne vous laisserons pas torturer nos camarades. Leur vie nous importe, nous les voulons libres, sains et saufs. Nous n’accepterons pas que la transition soit volée, les compromissions avec la junte. Nous n’accepterons pas les violations des droits de l’Homme sous prétexte que monsieur Doumbouya serait le dernier dictateur prétendument favorable à la cause française. Nous attendons des autorités françaises qu’elles fassent entendre leur voix, demandent des explications sur la situation. »

Les Guinéens de France pourraient remettre ça le 26 juillet prochain, si le Chef de la junte, Mamadi Doumbouya, décide d’être à la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques 2024, à Paris. Ils promettent de lui réserver un accueil sans précédent. Ça promet !

Yacine Diallo