Plus de deux mois après les fastes des commémorations du débarquement de Normandie, le président français Emmanuel Macron va célébrer jeudi en comité plus restreint le 80e anniversaire de celui de Provence, dans le sud du pays, occasion d’un nouvel hommage aux combattants des anciennes colonies françaises.

Le 15 août 1944, quelque 100.000 soldats, essentiellement Américains, Canadiens et Britanniques, ont débarqué sur les plages du Var, ouvrant la voie à plus de 250.000 Français de l’Armée « B », future « Première armée », composée essentiellement de troupes venues des colonies françaises en Afrique, qui ont repris Toulon puis Marseille en moins de deux semaines.

Ce succès reste un épisode souvent méconnu mais décisif de la libération de l’Europe du joug nazi, qui a de plus permis à la France de s’assoir à la table des vainqueurs grâce à l’engagement massif de ses forces. 

Placée sous les ordres du général de Lattre de Tassigny, l’Armée « B » comptait 84.000 pieds-noirs -Français d’origine européenne installés en Afrique du Nord-, 12.000 soldats des Forces françaises libres (FFL) fidèles au général de Gaulle, et 12.000 Corses, mais aussi 130.000 soldats dits « musulmans » d’Algérie et du Maroc, et 12.000 soldats de l’armée coloniale (tirailleurs sénégalais, marsouins du Pacifique et des Antilles…).

Si l’accent a longtemps été mis sur le rôle des troupes françaises et de la Résistance dans les opérations en Provence, alors qu’il n’avait été que symbolique en Normandie, la place des soldats qualifiés à l’époque d' »indigènes » par l’armée française a été progressivement mise en avant ces dernières décennies.

A partir du cinquantenaire du débarquement, de nombreux chefs d’Etats des pays d’Afrique noire et du Maghreb ont participé aux commémorations. Ils étaient plus d’une quinzaine en 1994, en 2004 ou encore en 2014. Mais seuls Alpha Condé (Guinée) et Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire) avaient fait le déplacement pour le 75e anniversaire en 2019.

Cette année, la présidence française annonce « une participation africaine de haut niveau » lors d’une cérémonie internationale jeudi matin à la nécropole de Boulouris, près de Saint-Raphaël, où reposent 464 soldats tués sous l’uniforme français en août 1944.

Mais deux jours avant le rendez-vous, aucun nom n’est confirmé, alors que la France s’est brouillée ces dernières années avec le Niger, le Mali ou encore le Burkina Faso, et qu’une crise s’est ouverte tout récemment avec l’Algérie autour du Sahara occidental.

– « Evocation » du débarquement –

Lors de la cérémonie, M. Macron doit prononcer un discours et remettre la légion d’honneur à six anciens combattants, cinq français et un étranger. Un président africain doit également s’exprimer. Une association a aussi annoncé la présence de cinq tirailleurs ayant participé aux guerres d’Indochine et/ou d’Algérie, accompagnés de cinq lycéens de Thiaroye, près de Dakar. Le 1er décembre 1944, des forces françaises y ont tiré sur des tirailleurs africains qui réclamaient leurs arriérés de soldes après avoir été rapatriés du front, faisant au moins 35 morts. 

En début d’après-midi, le grand public est invité à Toulon à une « évocation » du débarquement, réalisée par des associations spécialisées dans les reconstitutions et par un dispositif limité de l’armée. La frégate Surcouf rendra les honneurs au président, également chef des armées, et des troupes du 2e Régiment d’Infanterie de Marine s’élanceront du porte-hélicoptères amphibie Dixmude dans la rade de Toulon.

Si le vent le permet, des parachutistes rejoindront la plage à leur tour, en hommage aux quelque 5.000 Britanniques qui ont sauté sur la Provence dans la nuit du 14 au 15 août 1944 et qui ont subi les plus lourdes pertes, à cause d’accidents ou de mauvais largages. Dans la soirée, la patrouille de France proposera une démonstration avant un feu d’artifice sur la rade de Toulon.

Avec AFP