Chaque année, au mois de septembre, l’Assemblée générale des Nations désunies qui rappelle davantage la foire d’empoigne qu’un haut lieu de réflexion rassemble le gratin politique planétaire, dans le Palais de verre de Manhattan, ay pays de l’Oncle Sam. Si vous êtes accro au woba-woba, vous pouvez toujours y aller jeter un œil et tendre une oreille pour enrichir votre registre lexical.
Née sur les cendres de la Société des Nations, sortie des affres et du traumatisme des deux effroyables guerres mondiales pour tempérer l’ardeur belliqueuse de quelques nations, l’ONU peine de nos jours à assumer, avec l’efficacité requise, sa première mission : la préservation et le maintien de la paix, dans le monde. Si l’on peut se réjouir de l’extinction des conflits mondiaux depuis 1945, on ne doit pas pour autant détourner la tête des multiples foyers conflictuels de dimension plus ou moins grande. De nombreuses guerres de décolonisation jalonnent la deuxième moitié du XX siècle. Depuis 1949, année de création de l’Etat d’Israël, le Moyen-Orient a enregistré trois importantes guerres (1949, 1967 et 1973) auxquelles a participé l’ensemble des Etats arabes.
En sus de ses difficultés à imposer la paix à ses Etats membres, l’ONU ne parvient pas à extirper de ses tripes une certaine culture de l’injustice, de l’inégalité. Depuis sa création, le nombre de ses membres a quasiment triplé. Rappelons que la Guinée y adhère, en novembre 1958 en tant que 82è membre ! Les membres « seniors », arbitrairement, se sont octroyé des privilèges exorbitants dont ils ne rêvent guère abandonner une particule à autrui. Le cas le plus flagrant et qui fâche tout le monde, est bien celui du Conseil de Sécurité dont les cinq membres permanents jouissent d’un droit de véto qu’ils utilisent régulièrement pour bloquer toute résolution qui n’est pas de leur goût. Une pratique inique ! L’usage du véto est souvent ubuesque lorsque, sous des arguties, il sert à régler des querelles de clocher, hier entre l’Ouest et l’Est, aujourd’hui entre la Russie et les nations occidentales. L’Oncle Sam voudrait bien faire montre de mansuétude à l’égard des Africains en leur accordant, au Conseil de Sécurité, deux sièges permanents vidés de la substance qu’est le droit de véto. On a tout compris, Oncle Sam ! Comment reconnaître à des Etats volages ce droit qui sert à gérer l’ordre politico-idéologique dans un monde bi(multi)polaire ? Lorsqu’on sait la versalité de ceux qui nous gouvernent, on ne peut pas ne pas être sensible aux craintes de l’Oncle Sam et ses alliés.
Ainsi note-t-on que la gouvernance de l’ONU et de ses agences spécialisées (UNESCO, FAO, PNUD, HCR, HCDH, UNFPA, etc.) est généralement dévolue aux personnalités du Nord. Amadou Mathar MBow qui vient de mourir est le premier Africain à avoir assumé les fonctions de Directeur général de l’UNESCO, de 1974 à 1987. Il convient également de citer Kofi Annan et Jacques Diouf respectivement Secrétaire général de l’ONU et Directeur Exécutif de la FAO. Toutefois, aux échelons inférieurs, représentations résidentes dans les pays, on rencontre un nombre conséquent de cadres du Tiers Monde.
Aux Nations désunies, il y a encore un gros problème de rapport de forces à revoir et à redéfinir.
Abraham Kayoko Doré