Alors que le Conseil national de la transition, CNT, mène actuellement des rencontres pour vulgariser son Avant-projet de nouvelle Constitution, les critiques pleuvent contre le texte. Le Parti panafricain de Guinée (PAG) de Mansour Kaba dénonce un avant-projet ne répondant pas aux attentes des populations. Il était en conférence de presse ce samedi 14 septembre à la Maison commune des journalistes, au quartier Minière.

Dansa Kourouma vante l’avant-projet de la nouvelle Constitution adopté le 29 juillet dernier, partout où il prend la parole. Le président du CNT considère que les Conseillers nationaux ont fait le meilleur travail possible, pour obtenir une Constitution qui « rassemble les Guinéens et qui leur ressemble.» Mais sa position est loin de faire l’unanimité. Après l’ANAD de Cellou Dalein Diallo et d’autres partis politiques, le Parti panafricain de Guinée (PAG) s’en prend au travail de Dansa et ses poulains. Le président du parti estime que le texte ne répond en aucun cas aux préoccupations des Guinéens. Mansour Kaba dénonce des manquements dès le préambule : « Dans le préambule, l’avant-projet n’évoque pas les conditions de refondation vantées par le CNRD. Il a omis de mentionner le fait que ni le Président de la transition ni les membres du CNRD ou du gouvernement ne doivent être candidats aux élections à l’issue de la transition. Toute négligence de cette disposition doit être considérée comme une porte ouverte à la candidature du Président de la transition», déclare le politicien.

La nouvelle Constitution, si elle est adoptée, limite l’âge à la présidentielle entre 35 et 80 ans. Une mauvaise idée selon Mansour Kaba : « Elle est intolérable, elle retire au citoyen la possibilité de faire librement son choix. On ne fait une Constitution pour régler des comptes… Pour Dansa Kourouma, les plus de 80 ans sont bons pour les cimetières et la poubelle de l’histoire », s’insurge l’octogénaire.

Le président du PAG s’élève aussi contre les candidatures indépendantes qui pourraient porter à la tête du pays un candidat pistonné par toutes sortes de mafias : « Les candidatures libres ne doivent pas être tolérées. La Guinée est un pays riche, des envieux, bandits peuvent donner des millions de dollars américains à quelqu’un, afin qu’il se retrouve à la tête du pays. Il va forcément faire leur affaire », argumente-t-il. Selon lui, l’avant-projet de la nouvelle Constitution ne protège pas assez l’État contre les cadres véreux de l’administration : « Les rails du Conakry-Kankan ont été démantelés au vu et au su de tout le monde… Au Port autonome de Conakry, Alpha Condé s’est accaparé une partie des recettes de l’Etat, des anciens ministres et Premiers ministres se sont vendus des terrains de l’Etat… La Constitution doit protéger l’Etat contre les voleurs.»

Le candidat à la présidentielle de 1993 demande au CNT de revenir sur son travail « mal fait », avant de mettre en garde le Président de la Transition, Mamadi Doumbouya, contre tout reniement de ses engagements de départ : « Cet avant-projet de la nouvelle Constitution est à reprendre. Sinon, il risque de nous conduire au cas Dadis Camara. Mamadi Doumbouya doit respecter sa parole, parce que le peuple de Guinée n’acceptera aucun compromis. S’il force la situation, lui et le CNRD seront les seuls responsables devant l’histoire. »

Mansour Kaba a, au cours de cette conférence de presse, décoché des flèches contre son « ami » Alpha Condé, qu’il assimile à la plus grande déception que la Guinée ait jamais connu.

Yacine Diallo