Kamala Harris, la Vice-présidente des Etats-Unis, candidate par défaut du Parti Démocrate à la prochaine élection présidentielle, fait d’un coup d’essai, un coup de maître face à Donald Trump, le mardi 10 septembre, lors du débat sur ABC News qui les a opposés à Philadelphie. On était loin d’un fleuret moucheté. Tout le long de l’escarmouche, Kamala a réussi à maintenir son adversaire sur la défensive. Comme pour l’inviter à contenir l’adrénaline, elle est allée lui tendre la main avant même l’échange des premiers maux sous le regard admirateur et médusé des journalistes modérateurs.
Ce geste anodin mais plein de sens a contribué à tiédir et tempérer l’ardeur de l’ex-Président. Sur les questions de société, Donald Trump est apparu bien ringard avec le regard rivé sur le rétroviseur. S’agissant de l’immigration, il a déployé, comme à son habitude, la stratégie de la peur en parlant du peuple d’envahisseurs formé de milliers et en millions de délinquants, de bandits, de bouffeurs de chats et de chiens. Ah, ces aborigènes qui ignorent au 3è millénaire et de surcroît au pays de l’Oncle de Sam. Lorsque les modérateurs lui rétorquent que les autorités de l’Etat d’Ohio d’où sont parties les rumeurs ont déjà affirmé qu’elles n’ont jamais connaissance d’un acte aussi abominable d’un immigré, il n’en dit mot. Il répète qu’il n’acceptera pas que son pays soit le rebut des parias du monde. Connaît-il son pays ? Sa seule solution ? Le départ des immigrants. Kamala Harris, bien sûr, n’a pas cette perception apocalyptique de l’immigration et ne préconise pas de solutions inhumaines (expulsion de millions d’immigrés, construction de mur entre les Etats-Unis et le Mexique, etc.). Il y a des traitements plus soft, à visage humain, mais aussi efficaces surtout réalistes.
Encore une fois, Donal Trump a défendu becs et ongles sa posture par rapport à l’abrogation de la loi sur la liberté de l’avortement au niveau fédéral. Chaque Etat appréciera l’opportunité d’appliquer ou non cette loi. Advienne que pourra ! Kamala Harris lui rétorque que la femme doit disposer de son corps et en faire ce que bon lui semble. Cela est un droit, martèle-t-elle. Personne ne peut l’en priver. Comme son adversaire, la candidate démocrate s’arc-boute sur sa conviction que le droit à l’avortement est un facteur d’épanouissement et de bien-être de la femme.
S’agissant des perspectives économiques, la Vice-présidente a été plus concise que l’ex-Président. Elle a annoncé qu’elle mettra en place une économie d’opportunités en renforçant le maillage des PME/PMI, à travers des appuis accordés aux individus fragiles, mais dynamiques dans l’entrepreneuriat, notamment les jeunes, les femmes, les personnes en situation d’handicap. Elle s’engage à renouer la politique fiscale dans le sens de la promotion d’une société américaine plus juste, au sein de laquelle le rêve américain demeure une réalité et non une chimère. Au lieu d’exposer son programme économique, Donald Trump, la mine renfrognée, s’est moqué des prétentions de Kamala de réaliser des projets qu’elle et Jo Biden n’ont pas entrepris durant leur mandat, avant de relever, de façon péremptoire, leur incompétence.
Durant le débat, le candidat Républicain a, par moment, évoqué la vaste conspiration qui l’a empêché d’être réélu. On constate que l’os est resté au travers de la gorge !
En matière de politique internationale, Trump a étonné par les réponses évasives et péremptoires. « Si j’avais été là, il n’y aurait eu ni la guerre à Gaza ni guerre entre l’Ukraine et la Russie. Si tout cela est arrivé, c’est parce qu’on ne vous respecte pas, Biden et vous. Vous n’êtes pas crédibles. » A contrario, son adversaire a expliqué les efforts que son gouvernement déploie pour obtenir un accord négocié, çà et là. Par exemple, en Palestine, son équipe fait feu de tout bois, pour obtenir un cessez-le-feu et la libération des otages. De toute évidence, Kamala Harris a remporté cette escarmouche.
Abraham Kayoko Doré