Le Féguifoot, Fédération guinéenne de football traverse une zone de turbulences. Au centre de la crise, le prési Aboubacar Dinah Sans-Piles, face à une nouvelle plainte déposée par cinq des sept membres du Comité exécutif (Comex) de la boîte. Ces grognons dénoncent une gestion unilatérale des affaires financières et administratives.

Les contestataires, dont Sory Doumbouya, vice-prési chargé des compétitions jeunes, Mamadou Barry, premier vice-prési chargé du foot féminin et Macka Traoré reprochent à Bouba Sampil de gérer la FGF sans consulter les membres du Comex. Dans une missive du 25 septembre adressée à la Commission d’éthique de la Féguifoot, ils accusent le prési de ne pas respecter les règles de gouvernance en vigueur. La gestion des finances de la Fédé se passerait dans l’opacité. La misère de 500 millions de francs glissants reçus lors de la Coupe d’Afrique des nations, CAN-2023, aurait eu droit à une destination inconnue.

« Aucune transparence n’est observée dans la gestion des finances de la FGF. Les membres du Comex n’ont aucune connaissance des comptes bancaires de la Fédération ni de leurs soldes. Le président discute uniquement des finances avec un cercle restreint constitué du comptable et du président de la Commission des finances », peut-on lire dans la plainte déposée à la Commission d’éthique de la Féguifoot.

Décisions solitaires

Outre les finances, la gestion des sélections nationales est également pointée du doigt. Bouba Cent-Piles est accusé de décider seul sur la nomination et la révocation des sélectionneurs et de leurs staffs techniques, en particulier pour l’équipe nationale A de foot, le Syli National. Les rouspéteurs du Comex dénoncent l’exclusion des autres instances dirigeantes de ces décisions majeures. « Le président décide de tout sans concertation. Il nomme et révoque les sélectionneurs à sa guise…», lit-on dans leur missive.

Les cinq membres du Comex rappellent qu’ils n’ont jamais eu accès aux listes des délégations officielles lors des compétitions internationales, et que des quidams du monde du football continuent à être intégrés dans ces délégations, au grand dam des membres du Comex. Que le prési « détermine lui-même les délégations accompagnant les sélections nationales lors des compétitions à l’étranger. Pire, il intègre des personnes n’ayant aucun lien avec le football dans ces délégations, facilitant ainsi l’immigration irrégulière », dénoncent-ils.

L’alerte ignorée ?

Cette fronde n’est pas nouvelle. Une première lettre de désapprobation avait été balancée à Sampil le 6 août dernier. Il n’aurait pas pris en compte les remarques de ses collabos, accentuant ainsi le fossé entre lui et le Comex. La gestion du personnel est également critiquée par les plaignants qui accusent le boss de la Féguifoot de nommer des employés sans consulter le Secrétaire gênant de la Fédération, pourtant chef de l’administration fédérale. Ils déplorent le manque de visibilité sur l’effectif des employés et sur la masse salariale, laissant planer un doute sur la gestion des ressources humaines au sein de la Fédération. «Le président n’a cessé de nommer seul à tous les niveaux d’emplois au sein de l’administration fédérale, sans aucune concertation avec le Comex. Même le Secrétaire général est souvent mis à l’écart dans ces décisions », ajoutent-t-ils.

Une issue incertaine

Face à ces multiples accusations, la Commission d’éthique de la FGF est  sollicitée. Les membres du Comex estiment que cette instance saura prendre les mesures nécessaires pour rétablir un climat de transparence et de collégialité au sein de la fédération. « En dépit de nos nombreuses interpellations, le président n’a jamais voulu accéder à nos préoccupations. Nous demandons à la Commission d’éthique de constater ces manquements et d’en tirer les conséquences de droit », sollicitent-ils.

Alors que la situation se détériore, le football guinéen pourrait s’engouffrer dans une nouvelle crise institutionnelle, à quelques mois de la CAN-2025. Le sort du président Bouba Sampil et de sa gestion à la tête de la Féguifoot est désormais entre les mains de la Commission d’éthique. Elle devra trancher sur ces accusations et éviter à la Fédération d’être une fois encore mise sous tutelle d’un Conor, Comité de normalisation, qui a dirigé le football guinéen trois avant l’élection de du Sans-piles.

Abdoulaye Pellel Bah