Le président de la Délégation spéciale de Sanoyah, Aly Manden Mansa Kéita, est accusé de harcèlement sexuel par sa Secrétaire générale, Mariame Condé. La plaignante a saisi la gouverneure de Conakry, la générale de brigade M’Mahawa Sylla.

La commune urbaine de Sanoyah fait parler d’elle. Depuis le 3 septembre, une affaire de harcèlement sexuel au sein de la nouvelle collectivité s’est retrouvée sur la place publique. Dans une plainte adressée à la gouverneure de Conakry le 29 juillet dernier, la secrétaire générale de la mairie de Sanoyah a narré sa version des faits. Le maire de Sanoyah aurait pris le malin plaisir de lui faire assidument la cour.

Dès après son installation, en avril dernier, Aly Manden Mansa Kéita lui aurait offert une voiture. Cadeau qu’elle soutient avoir rejeté. « Un jour, il m’a appelée dans son bureau et m’a dit : avant ton arrivée, j’ai consulté un charlatan qui m’a décrit ta personne.  À ton installation, je me suis rappelé la prédiction. Tu es une bénédiction pour Sanoyah, particulièrement pour moi. Désormais, mets en tête que tu appartiens à deux hommes, je n’arrive pas à te résister. Je ne dirai pas que je t’épouserai, mais je ferai tout pour te séparer de ton mari. »

Accusations de malversation

Une déclaration d’amour qui n’a pas trouvé d’écho favorable chez Mariame Condé qui érige aussitôt un mur de méfiance avec son patron. La guerre était déclarée. « Il ne l’a pas supporté. Il a crié sur moi, me renvoyant de son bureau à plusieurs reprises. Il ne m’envoyait des courriers dits urgents qu’à 17 heures, m’ordonnant de les traiter le même jour. Ce qui me retenait au bureau jusqu’à 22 heures, alors que j’habite à Koloma. Je ne pouvais plus supporter un tel rythme de travail stressant », se plaint Mariame Condé.

La secrétaire générale dénonce également une gestion opaque de la mairie, de détournement des recettes de l’état-civil par le maire. Conformément à des recommandations du Conseil communal, Mariame Condé soutient avoir demandé aux agents recouvreurs d’arrêter toute activité et de lui faire la situation du service. « Je leur ai instruit de m’envoyer les quittances des versements effectués. Informé de cela, le maire s’est mis dans tous ses états. Habillé d’une tenue ‘’Simbo’’ en fétiches, il me dit : je ne suis pas bon aujourd’hui, quiconque blague avec moi me trouvera sur son chemin. »

En outre, Mariame Condé se plaint qu’aucun moyen ou équipement n’a été mis à sa disposition, alors que les administrateurs des marchés « font des versements chaque mois. »

Jointe au téléphone le 4 septembre par notre rédaction, elle s’est abstenue de commenter sa plainte auprès de la gouverneure de Conakry : « Je l’ai adressée à ma hiérarchie, je m’aligne derrière elle. Elle ne m’autorise plus à intervenir là-dessus. »

Réplique d’Aly Mansa Keita

Le président de la Délégation spéciale de Sanoyah, contacté le même jour, a dénoncé ce qu’il qualifie de chantage : « Mariame Condé est une collaboratrice qui a comme chauffeur son mari. Ils sont tout le temps ensemble. Comment peut-on oser harceler une femme mariée collée de la sorte à son homme ? J’ai six sœurs de lait, j’ai du respect pour la femme. » Aly Mansa Keita se défend que porter une tenue traditionnelle ne fait pas de quelqu’un un Simbo. « C’est un dénigrement de mon autorité à cause des réformes que je mène à Sanoyah. Depuis six ans, je roule dans la même voiture. Comment puis-je lui offrir une nouvelle voiture ? »

Un malheur ne venant jamais seul, le 26 août, les conseillers communaux de Sanoyah se sont mis dans la danse. Ils ont écrit au ministère de l’Administration du territoire et de la décentralisation, pour réclamer un changement à la tête de l’exécutif communal, tout en dénonçant de « nombreux dysfonctionnements. » Ils accusent leur président de tous les péchés d’Israël : « rapports conflictuels, perception frauduleuse d’argent des services déconcentrés, tentative de porter main sur Mariame Condé, relations conflictuelles avec des chefs de quartiers… »

Des accusations que le mis en cause a balayé du revers de la main, qualifiant en retour ses conseillers d’irresponsables. « Ils ont participé à toutes les activités, une trentaine, réalisées à Sanoyah depuis notre installation, le 23 avril dernier. Ils ne s’étaient jamais désolidarisés. C’est quand je suis tombé malade qu’ils sont venus fermer mon bureau. Ils ne peuvent pas m’accuser de malversation financière, c’est impossible », peste l’officier de l’état-civil.  

Yaya Doumbouya