La rentrée scolaire est devenue un enjeu majeur de l’économie. Elle constitue un véritable goulot d’étranglement pour les parents d’élèves. Entre tenues, fournitures et frais de scolarité, la période est une aubaine pour les écoles, les vendeurs mais aussi les banques. Lesquelles proposent toutes sortes de prêts aux parents, confrontés à une situation ingérable tant les besoins sont immenses et insatiables. L’Etat, dépassé par la pression démographique, semble avoir démissionné dans ce secteur. Laissant les privés, voire les spéculateurs, faire la pluie et le beau temps.
Ces dernières années, l’école a perdu son idéal de sacerdoce. Elle est devenue un investissement comme un autre. Avec à la clé, l’engagement de beaucoup d’hommes d’affaires dans le secteur, qui font d’importants investissements: carreaux, vitres. Ce qui rend leurs établissements inaccessibles à bon nombre de Guinéens.
Nelson Mandela l’a dit : « L’éducation est l’arme la plus puissante qu’on puisse utiliser pour changer le monde ». C’est pourquoi tous les pays en font désormais leur cheval de bataille, consacrant une part importante de leur budget national à ce secteur. Même si pour la Guinée le secteur privé a relégué l’Etat au second plan dans l’éducation et la formation. Obligeant les familles à recourir à tous les moyens pour former leurs enfants. Y compris par la vente de l’unique maison familiale afin d’envoyer un fils à l’étranger, pour étudier.
Devant l’enjeu économique et financier, les écoles privées ne lésinent pas avec les moyens pour remplir les salles de classe. Certaines affichent leurs statistiques d’admission aux différents examens. D’autres font recours aux réseaux sociaux pour encore communiquer sur le nombre d’admis qu’elles ont connu. Inutile de dire que celles qui ont enregistré un taux faible, voire médiocre, sont confrontées à une véritable descente aux enfers. Avec, en toile de fond, un départ massif des enfants.
Mais le facteur d’échec n’est pas le seul qui explique le départ des élèves. Il y a aussi l’augmentation parfois fantaisiste des frais de scolarité. Comme cette école inaugurée l’année dernière à Kagbélen, avec une infrastructure qui frise l’insolence. Devant l’engouement qu’elle a enregistré l’année dernière, les responsables ont augmenté les frais de scolarité cette année à près de 300%. Provoquant un retrait massif de dossiers. Menacée de fermeture pour cause de manque d’apprenants, le fondateur est revenu sur les frais de scolarité. Mais la balle était partie. Tous ceux qui avaient retiré leurs dossiers ne pouvaient plus revenir, puisqu’ils se sont déjà inscrits ailleurs.
D’autres écoles organisent un test de niveau, pour recevoir les enfants. Pour se remplir les poches, ce test est moyennant 100 000 francs non remboursables même en cas de non admission. Ce que certains dénoncent comme une arnaque pure et simple. Bref, la société guinéenne devient de plus en plus inégalitaire. Avec certains élèves qui étudient dans des conditions qui n’ont rien à envier à celles des pays développés. D’autres entassés dans des salles non aérées où ils se noient dans la sueur.
Habib Yembering Diallo