L’ouverture scolaire pour le 25 septembre est remise sur la table pour être sujette à des controverses. Si les populations s’insurgent à chaque décision de l’Education Nationale qui leur coûte quelque chose chaque année tandis que le niveau de l’enseignement ne s’améliore pas, ont-elles confiance au système éducatif ? Le cas échéant, l’Education a-t-elle sa raison d’être ?

Pourquoi l’ouverture scolaire le 25 septembre ?

C’est aux temps de la Révolution Culturelle Socialiste que l’ouverture scolaire a été ramenée au 25 septembre pour faire participer toutes les écoles au défilé du 28 septembre. La réunion des enseignants était convoquée le 20 septembre pour la distribution des documents pédagogiques et les emplois du temps, les élèves étaient convoqués pour le 25 septembre pour la préparation des salles de classe, pour l’assainissement et le désherbage de la cour, le contrôle des présences se faisait dès cette date. Les parents n’avaient pas de problème d’inscription, de réinscription et de fournitures, l’Etat fournissait tout pour le démarrage effectif des cours le 3 Octobre, contrairement à ce qu’on entend actuellement pour expliquer le changement. Au début, les enseignants partaient avec leurs trois mois de salaire des vacances, quand l’ouverture a été ramenée au 25 septembre, le salaire de septembre a été retenu pour leur permettre de fonctionner dès l’ouverture rapprochée. La discipline était révolutionnaire. Les contrôles de présence se faisaient autour du mât, à la montée des couleurs de 7h 45, les cours commençaient à 8 heures. Tout retardataire n’ayant pas assisté à la montée des couleurs était retenu pour une corvée, trois absences égales à une convocation des parents, au-delà, c’est un renvoi.

Anecdote : Une fille-mère (bien en vue, puisqu’elle était toujours soit à la direction, soit à la direction des études) a été renvoyée pour absence à deux cours de spécialité. Personne n’a intercédé en sa faveur. « Si c’est lui, on ne peut rien ». Sans autre recours ni secours, elle a pleuré à chaudes larmes : son enfant a été renvoyé pour faire venir sa mère pour absences répétées, elle est renvoyée à son tour pour faire venir ses parents par Monsieur. ‘’Monè n’fakha’’ !

Qu’en est-il de même, actuellement ?

Après le 3 Avril 1984, l’Education a lâché du lest dans la discipline pour plonger dans le laxisme, il n’y a qu’un pas à faire. On a commencé à voir des élèves en tenue sur la route jusqu’à 9 heures, qui attendaient le taxi, on a vu des enseignantes qui se dépêchaient à 8h30 pour rejoindre les classes en compagnie d’un groupe d’élèves retardataires, pour lesquels elle servait de caution à leur retard. Il n’y a pas d’excuse possible. Dans les années 1975-1980, les élèves se levaient à 6 heures, ils ont pris l’habitude, par laxisme des autorités, de se lever à 8 heures. Quand on donne rendez-vous à quelqu’un à 12 heures, c’est à 12 heures qu’il quitte la maison. Comme les Allemands sont très à cheval sur la ponctualité, et ils savent que les Guinéens, les Africains en général, ont peu de goût pour l’heure, dans une partie de leur livre de langue, la question du respect de la ponctualité est avancée de 5 minutes. Donc, on n’est pas ponctuel quand on vient à 8 heures, mais à 7h55, ceci, parce que si vous venez à 8 heures pile, le train a déjà fermé ses portes, vous restez sur le quai. Comment cette enseignante peut exiger aux autres d’être à l’heure ? Un maître ne peut pas exiger à ses élèves les qualités qu’il n’a pas lui-même. Le maître doit être exemplaire en tout. Quant aux critères à remplir pour être un bon enseignant, à part tous les critères physiques à remplir pour prendre part aux jeux paralympiques, il y a aussi et surtout la diction. Un enseignant qui a le souci de se qualifier, ne se mêle pas aux problèmes politiques et syndicaux. Les syndicalistes qui défendent les enseignants médiocres, qui s’opposent au test d’évaluation des contractuels, devraient s’opposer aussi aux examens et concours. Ce sont eux qui sont pour la médiocrité dans l’enseignement, ils sont aussi pires que les laxistes qui jouent avec l’avenir du pays. Confient-ils leurs enfants à ces contractuels qui n’ont pas passé leur examen ? Et si on testait aussi les syndicalistes… ?

Dans les années 2014-15, l’Inde a procédé à une évaluation des enseignants du primaire, la moitié n’était pas à la hauteur. Les responsables indiens ne l’ont pas dit, mais les femmes étaient bien mal cotées. C’est pire en Guinée, et ce n’est pas parole de machiste, les femmes intellectuelles, pas des ‘’bas bleus’’, peuvent le confirmer.

Le laxisme de certains enseignants a rendu la surveillance au BAC dangereuse. Des bacheliers montaient des guet-apens contre les surveillants intransigeants. On a entendu un nombre d’enseignants agressés jusque devant leur concession, d’autres se faisaient copieusement insulter dans la rue, cela est dû au fait que d’autres surveillants laxistes laissaient copier. Quelles mesures ont été prises pour faire cesser cela ? Les punitions corporelles étaient interdites, les élèves n’ont plus peur de leurs maîtres, mais il y a une autre anecdote de punitions corporelles infligées à de grands garçons sans que personne ne dise mot : Dans la Formation Professionnelle, ce sont des garçons de 18-20 ans, qui ont échoué plusieurs fois au brevet ou au Bac.

Un enseignant, que vous connaissez, d’ailleurs, qui débouchait sur une clairière, en footing, dans la forêt de Kakimbo, avait surpris quatre costauds de la Maçonnerie en train de fumer du chanvre indien : « Très bien, vous avez quatre solutions : soit je vous envoie à la police, soit je convoque vos parents, soit je vous dénonce à la direction ou vous venez chacun avec un fagot de fouets, pas pour frapper les enfants, et rendez-vous dans l’atelier de Maçonnerie, après la récréation ». « Frappez-vous ! Le premier a effleuré son compagnon, l’enseignant a donné l’exemple sur le laxiste. « Si vous criez, vous allez faire venir tout le monde et vous allez expliquer. » Une enseignante un peu fofolle est allée clamer à la direction des études et dans toutes les classes pour dire que Monsieur X est en train de frapper les grands enfants des gens dans l’atelier. Toute l’école était venue voir : les coupables ont dit à leur professeur de ne rien dire. « Qu’est-ce qui se passe ici ? » demanda le Directeur des études. « Ce n’est rien, c’est entre nous ! » Leur tenue était lacérée de traces d’acacia et leur figure éprouvée. Le professeur n’a jamais dit sur ce qui s’est passé. Qui a dit que la punition corporelle est interdite ?

Comme on vient de le voir, le laxisme cause d’énormes préjudices dans tous les domaines. Le CNRD n’est pas allé de main morte dans la répression des malversations dans tous les domaines. Dans certains cas, on peut lui reprocher sa lenteur, mais Lansana Conté aimait à dire qu’il a envoyé le caméléon chercher de l’eau. Mamadi Doumbouya n’a pas eu à envoyer le caméléon chercher de l’eau, puisque Conakry est inondable désormais à la moindre pluie, tous les grands espaces publiques et privés sont actuellement bétonnés, l’eau de pluie ne s’infiltre plus et les caniveaux ne sont pas appropriés. Une autre inquiétude plus grande vient de naître : si l’eau de pluie ne s’infiltre plus dans le sol, n’y a-t-il pas d’inquiétude à se faire pour les puits et forages, quand on sait que la moitié de Conakry ou plus utilise l’eau des forages ? En attendant, la semaine du laxisme continue.

Moïse Sidibé