La décision du chef de l’Etat d’interdire la fabrication, la promotion, l’importation, la commercialisation et la distribution des emballages et objets en plastique à usage unique sur toute l’étendue du territoire national, provoque des réactions contrastées chez les citoyens, notamment les vendeurs des sacs plastiques.

L’objectif de cette décision rendue publique le samedi 21 septembre, est d’améliorer la salubrité publique, promouvoir l’usage des emballages biodégradables comme alternative à ceux en matière plastique, préserver les ouvrages d’assainissement, accroître le bien-être et la santé humaine et  animale, lutter contre les diverses formes de  pollution.

La mesure est saluée par Thierno Hassane Diallo, boutiquier résidant à Lambanyi, dans la Commune du même nom. Toutefois, il déplore les conséquences éventuelles sur la commercialisation des sacs plastiques. « Je trouve la décision salutaire, car les sacs plastiques ne sont pas bons pour notre environnement. Ils contribuent à la pollution de la nature et à l’insalubrité dans notre pays. Des fois je vais à la plage, et j’y trouve beaucoup de sachets en matière plastique répandus partout. A notre niveau, nous vendeurs, cette interdiction va nous impacter. Bon marché, le plastique génère beaucoup de bénéfices. Les sacs plastiques sont beaucoup vendus. Dans ma boutique ici, je ne peux pas fournir un produit à un client sans le mettre dans un sachet, qu’il soit grand ou petit. Ils ne sont pas chers, non plus, c’est aussi l’avantage.»

Interrogé sur la question, le président de la Fédération des gestionnaires des déchets de Guinée (FEGEDEG), Sory Camara, apprécie également la décision, mais se dit préoccupé par son application. « On est très content de cette décision, mais nous restons très préoccupés par sa mise en œuvre car la Guinée dispose de beaux textes non appliqués », déplore-t-il, avant de préconiser des pistes de solution. « Nous invitons le gouvernement à mettre en place un comité national consultatif de gestion des déchets plastiques qui pourrait s’occuper aussi d’orientation et d’appui au Gouvernement pour l’élaboration et la mise en œuvre des programmes liés à la prévention et à la gestion des déchets plastiques. Il y a également nécessité de sensibiliser et d’organiser les industries de matières plastiques autour de la responsabilité élargie aux producteurs  (REP), de réorienter les industries et autres sociétés vers les différents secteurs d’activités comme les mines, les transports, la pêche. Pour l’opérationnalisation de ce décret, plusieurs facteurs doivent être pris en compte, notamment le facteur politique, juridique, réglementaire, socio-économique et environnemental. Le gouvernement doit encourager l’implantation des entreprises et l’appui des PME qui offrent des solutions alternatives aux emballages plastiques à usage unique.»

Pour rappel, le décret précise, entre autres, ceux qui ne sont pas concernés : «la production, l’importation, la commercialisation et l’utilisation des emballages et objets en plastique à usage unique à usage médical, aux activités militaires et aux situations de guerre, à l’utilisation de l’assainissement, des emballages d’eau ou d’autres liquides ou solides composés de petits pots en plastique utilisés pour le conditionnement des produits alimentaires et pharmaceutiques. Des firmes en plastiques utilisées dans le bâtiment et les travaux publiques.» Celui qui ne respectera pas cette interdiction, « est passible de la fermeture des activités, de la saisie de ses produits et d’une amende administrative fixée par voie réglementaire. Le ministre en charge de l’Environnement détermine les modalités de gestion des emballages et objets en plastique à usage unique saisis.

Souleymane Bah