Dans la région administrative de Labé, un conflit oppose diverses organisations et coalitions de jeunesse. À l’origine de la discorde : l’organisation d’un tournoi de foot en soutien au prési de la Transition.

Le tournoi en hommage aux actions « très salutaires » du Prési Mamadi Doum-bouillant se déroulera du 14 septembre au 2 octobre au stade régional de Karamoko Alpha mo Labé, selon ses organisateurs. Sauf que l’initiative est rejetée par des organisations de jeunes de Labé. Ces opposants dénoncent le fait que les projets des autorités de la transition pour leur buisson se soient limités qu’à la pose de la première pierre. Un différend financier sur une misère de plus d’un milliard de francs glissants semble aussi exacerber les tensions. Selon les infos, des millions de francs glissants auraient été débloqués pour l’organisation de tournoi doté du trophée Mamadi Doum-bouillant, Prési de la Transition. Le partage des fonds serait l’une des raisons du désaccord entre les organisateurs et des acteurs sociopolitiques de la cité de Karamoko Alpha mo Labé.

La CCDL, Coalition citoyenne pour le développement de Labé, porte le projet. Elle est accusée de fuite en avant dans une démarche unilatérale. Bien qu’elle affirme agir au nom de la jeunesse de la Myenne-Guinée, elle se heurte à un refus catégorique des organisations locales de jeunes. Dès l’annonce du tournoi le 3 septembre, les prési des bureaux de jeunes de la commune urbaine de Labé se sont désolidarisés de l’initiative, avançant maints arguments. Dans une déclaration, ils dénoncent le tournoi comme une tentative de soutien au CNRD et à son président, en «violation flagrante de la Charte de la transition.» Ils refusent que le sport, vecteur de paix et d’unité, soit utilisé comme un outil de promotion d’intérêts politiques individuels, surtout «à un moment où des citoyens sont enlevés, des médias sont fermés sans raisons valables, et des libertés bafouées.»

Contre-attaque

Idrissa Sampiring Diallo, porte-voix de la Coalition citoyenne pour le développement de Labé, s’est fendu d’une déclaration. Il reconnaît que l’événement bénéficie du soutien financier de divers contributeurs, sponsors, ainsi que du ministère de la Jeunesse et des Scores, qui aurait promis de couvrir les frais des équipements sportifs. Face au feu de critiques des jeunes, Sans…prix dit ne pas avoir à solliciter l’avis de tous les habitants de Labé pour ses décisions. «Nous avons décidé de soutenir l’organisation du tournoi de football et invitons ceux qui le souhaitent à nous rejoindre… Ceux qui ne partagent pas notre opinion peuvent rester à l’écart.»

Pour appuyer sa position, il évoque des « actions concrètes du CNRD» : recrutement de 12 000 bouffe-la-craie dans la Fonction publique, construction de logements sociaux pour les fonctionnaires à Labé, inauguration imminente d’une maison des jeunes et le palais de la Kolima à Labé. «Nous sommes engagés dans la politique et croyons fermement que les promesses seront respectées », clame Idrissa Sans-piring Diallo.

Difficile consensus

Malgré plusieurs médiations, notamment de la Commune, aucun consensus n’a été trouvé. Du moins au moment où nous allions sous presse. Plusieurs membres de la CCDL ont quitté le projet avant l’ouverture du tournoi. Le 9 septembre, Cheikh Oumar Baldé, dirlo préfectoral de la jeunesse (DPJ) de Labé, a justifié le tournoi de soutien au CNRD, en raison du manque de progrès dans la région administrative de Labé. «On s’est dit qu’il faut montrer que les citoyens ne rejettent pas un responsable…, nous devons être avec eux et les accompagner. Ce qu’on faisait lors des manifestations, (casses et incendies), nous laisse en retard… On réfléchit pour montrer à l’opinion nationale et internationale que Labé est une même famille et que nous parlons le même langage et la seule chose qui peut nous permettre d’être ensemble, c’est d’organiser un tournoi de football », a-t-il déclaré dans une interview accordée à Guineenews. 

Il a justifié les départs et le refus de participer des bureaux locaux des jeunes, «parce qu’ils ne sont pas contents de quelque chose, ce sont des choses que j’ignore. Et de poursuivre, si des informations ont manqué, je pense qu’il est de leur devoir de les exhiber, mais je condamne la façon dont ils sont en train de procéder pour dire qu’ils n’ont pas été associés.» Il a lancé un appel aux jeunes de la région, pour soutenir le projet, arguant que «la lutte engagée n’est pas pour une seule personne, mais pour le bien-être des citoyens de Labé.»

Loubards contre loubards ?

Contacté par votre satirique, Idrissa Sans-piring Diallo n’a pas souhaité s’exprimer sur le problème de pognons qui serait à l’origine de la division. Pour lui, il ne s’agit pas d’une affaire d’État ou de communauté, mais d’une ONG qui exécute son plan d’action. Que chacun est libre de participer ou pas à l’initiative, mais que personne ne peut s’opposer aux activités d’autrui. Le Sans-piring compte sur le soutien des autorités communales et préfectorales pour mener à bien son projet. « C’est vrai qu’il y a des gens qui ont saboté estimant que ce n’est pas bien de le faire, mais ils ne peuvent qu’exprimer leur avis.»

Le début du tournoi est reporté d’un jour, pour permettre aux délégations d’assister à son lancement officiel. À ceux qui voudront le boycotter, en semant le désordre, Sampi-ring jure, la main sur le palpitant, que « celui qui cherche la violence avec nous, l’obtiendra. Nous sommes tous des fils de Labé. S’ils sont capables de mobiliser des loubards, nous en sommes aussi capables…» La tension ne baisse pas, les nerfs sont à vifs, l’avenir du tournoi reste incertain.

Abdoulaye Pellel Bah