Dans la conquête de l’Amérique, les colons blancs étaient persuadés qu’ils étaient libres d’agir, que la raison ou le droit étaient en leur faveur. Ils ont sommé les tribus indiennes autochtones de céder leurs terres. Au refus de ces derniers la guerre a éclaté. Une guerre sans merci dans laquelle les Indiens ont défendu becs et ongles chaque pouce de terrain, mais la cause était perdue pour eux au vu de la différence des armes : flèches et poignards contre fusils et canons. L’arrogance, doublée de cruauté des envahisseurs ne laissait aucune chance aux Indiens dont l’extermination reposait sur l’idée « qu’il n’y a de bon Indien que mort ».
Des siècles après la conquête, les Indiens sont aujourd’hui parqués dans des aires réservées, réduits en citoyens de seconde zone aux conditions de vie et de travail précaires. Les conquérants savouraient leur victoire en arguant qu’ils étaient investis de la mission d’apporter la civilisation à des peuplades incultes et sauvages. La civilisation, disons plutôt la raison du plus fort.
Dans la même lancée de conquête de nouvelles terres, les convoitises des colons blancs n’ont pas tardé à se retourner vers l’Afrique. La tristement célèbre Traite des Noirs a vidé le continent de millions de bras valides pour les plantations de l’Amérique. Le clou de la conquête arrivera par la conférence de Berlin en 1885 où les puissances européennes se sont réparties les terres africaines acquises par voie de guerre. Tous les crimes coloniaux se justifiaient aux yeux de ces puissances comme une nécessité de répandre la civilisation, encore la civilisation ou la raison du plus fort.
En ce XXIème siècle des libertés et des droits de l’Homme, voilà Israël qui explique le génocide du peuple palestinien par le combat de la civilisation contre la barbarie. Son premier ministre, Benjamine Nethanyahu, tient un discours enflammé à la tribune du Congrès américain dont les membres l’acclament et le prennent pour un héros du monde civilisé. C’est encore et encore la civilisation ou la raison du plus fort.
Pour conclure cette réflexion, laissons le dernier mot à Georges Duhamel, écrivain français du XIXème siècle, qui a écrit : « Si la civilisation n’est pas dans le cœur de l’homme, eh bien, elle n’est nulle part. »
Walaoulou Billivogui