La saison des pluies a été des plus abondantes. Tire à sa fin octobre, et il pleut toujours. Ainsi la Guinée passe pour le pays des plus arrosés de la région. Les pluies et le sous-sol de notre pays font saliver le continent. Notre pays dispose de tout ce dont ses hommes et ses femmes ont besoin sur terre pour vivre mieux.

Mais quoi bon d’avoir des ressources minières, halieutiques, touristiques et agricoles qu’on n’exploite au bénéfice de la population ? En maints endroits du pays les pluies ont causé des dégâts matériels, fait des morts et des blessés.

Mais qu’avons-nous fait de toutes ces pluies ? Paradoxe de l’abondance : il y a bien des années que la capitale et l’intérieur n’avaient été confrontés à un délestage d’électricité en juin-août. C’est dire que les crues de nos fleuves et rivières, du pain bénit pour les barrages hydroélectriques, n’ont servi à rien. En plein saison des pluies, notre pays a tendu la main à la Turquie pour avoir de l’électricité.

Les observateurs étrangers tombent des nues, en apprenant qu’une grande partie de la capitale est sans adduction d’eau. Pour eux, il est à la fois incompréhensible et inacceptable que dans une ville où il peut pleuvoir pendant une semaine sans arrêt, que les robinets–où ils existent- soient secs. Ce n’est que « le Petit Conakry » d’antan qui a l’eau courante. Le « Grande-Conakry » avec Coyah et Dubréka n’a jamais vu l’odeur du robinet. A cause de la manipulation politique, cette responsabilité est toujours imputée à ceux qui ne sont plus aux affaires.  

Sur le plan agricole la situation est la même. Alors que tout pousse partout, même l’agriculture traditionnelle bat de l’aile. Parce que, dans tout le pays, les regards sont fixés vers le port de Conakry d’où se succèdent les bateaux transportant la céréale la plus prisée dans le pays : le riz. Il y a à peu près un an un document avait circulé sur la toile pour dire que la Guinée était devenue le deuxième producteur de riz de la sous-région. L’information est placée au même titre que la dernière qui nous disait que, subitement, et comme par miracle, le pays va exporter son excèdent de production d’électricité. C’est tout simplement un canular.

Il est qu’après l’Asie, la Sierra Leone fournit dû à la Guinée. Chaque jour, ce sont des dizaines de femmes qui prennent la route pour ce pays voisin afin d’acheter le riz et le vendre à Conakry au même prix que le riz de Kissidougou ou de Lola. Cette préfecture est réputée pour la saveur de son riz. L’Etat se tâte pour mettre les bouchées doubles dans la production de la denrée dans cette région. Mais pour la plupart des cas, les campagnes agricoles ne servent qu’à remplir les poches et les comptes des fonctionnaires indélicats.

L’agriculture ne semble pas la priorité des dirigeants. Qui jettent leur dévolu sur le fameux projet Simandou. Alors que l’expérience a prouvé que les mines ne sont pas la solution miracle, nos bleus dirigeants emboîtent le pas à leurs prédécesseurs. Autant dire qu’en Guinée, les géants asiatiques continueront à déverser leurs céréales.

Habib Yembering Diallo