Organisée par le Secrétariat général du gouvernement suivant les orientations du Président de la transition, une retraite a réuni les membres du gouvernement du 11 au 13 novembre à Kindia. Autour du Premier Ministre Chef du gouvernement, les ministres devaient « poser les fondements du travail gouvernemental visant à renforcer l’efficacité de l’interministérialité pour une coordination optimale dans la conduite des politiques publiques ». Aussi, cette retraite avait pour objectif de créer un « espace d’échanges interactifs permettant d’évaluer les actions entreprises et de réajuster les stratégies en fonction de l’objectif principal : promouvoir une gouvernance efficace, transparente et innovante au service du développement. »
Si louable soit-elle, cette démarche amène à poser la question de savoir, pourquoi cet exercice ne s’est pas fait quelques jours après la constitution du gouvernement ? Ce qui aurait permis de fixer le cap et les orientations, pour chaque ministre sur la base d’une lettre de mission. Pour donc faciliter le monitoring de l’action gouvernementale, 100 jours après la mise en place du gouvernement, une évaluation devrait logiquement intervenir, afin de procéder aux éventuels recadrages. C’est seulement à quelques semaines de la fin de l’année que cette retraite, si importante dans la mise en œuvre et le suivi de la politique gouvernementale, est initiée. Au regard des conclusions et des annonces faites par le Premier ministre, Amadou Oury Bah, si cette démarche avait été entreprise il y a quelques mois, plusieurs attentes auraient été satisfaites dans une très large mesure.
Sur un tout autre plan, notre administration souffre d’un terrible manque de suivi des projets et programmes conçus et mis en œuvre. Faut-il rappeler l’immersion gouvernementale de juin 2022 ayant permis aux ministres de la République de toucher de visu les réalités de l’arrière-pays. Qu’en est-il des annonces et résolutions prises à la suite de cette randonnée dans le pays profond ? Silence radio de la part des autorités.
Faute de cohérence et d’adéquation dans la conception et la mise en œuvre des politiques sectorielles, on enregistre un sérieux manque à gagner et d’importantes déperditions qu’il serait intéressant de chiffrer. Ne dit-on pas que l’administration est une continuité ? De juin 2022 à date, il serait judicieux d’évaluer de façon exhaustive les annonces faites par rapport aux actes posés.
Pour rappeler, l’organisation des retraites gouvernementales en Guinée a lieu en 1996 sous le gouvernement dirigé alors par Sidya Touré, Premier ministre. Il organisa une retraite à Dalaba avec l’esquisse de la vision 2010 pour la Guinée. Vingt-huit ans après cette projection, que faudrait-il retenir de cette prospective ?
Thierno Saïdou Diakité