Engagée au mois de juin dernier par le Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation, l’évaluation des partis politiques a rendu ses résultats le 28 octobre dernier. Le rapport d’évaluation publié recense 211 partis politiques, dont 53 ont été dissous, 54 suspendus pour trois mois, 67 placés sous observation et 37 non évalués. Si cette démarche s’avère pertinente, elle suscite bien des questions qu’il y a lieu de se poser. En effet, pourquoi avoir attendu cette année pour engager cette procédure si importante dans le cadre du retour à l’ordre constitutionnel ? On semble l’oublier ou le négliger, ce sont bel et bien les partis politiques qui compétissent aux élections, et dans cet ordre d’idées, il aurait fallu procéder en 2022, ou en 2023 à cette évaluation, pour éviter tout soupçon de la part des autorités de la transition.
En publiant les résultats de l’évaluation des partis politiques à quelques mois de la fin théorique de la transition, d’aucuns indiquent que cette démarche ne vise en réalité, qu’à détourner l’attention de l’opinion publique et celle des acteurs politiques dans la perspective d’un report du calendrier électoral. Pure coïncidence ou calcul délibéré, les 54 partis suspendus et les 67 placés sous observation ont trois mois pour se mettre en règle. En d’autres termes, ils ont tout juste le dernier trimestre de l’année, pour mener les démarches appropriées. Ce qui revient à dire que c’est probablement dans le courant de l’année 2025 que nous serons définitivement fixés sur le nombre de partis politiques agréés en Guinée.
Au regard de ce qui se passe, en dépit des explications et des justifications des pouvoirs publics, faudrait-il considérer cette évaluation comme une tentative de décantation du microcosme politique dans la perspective des prochaines joutes électorales ? Nonobstant le fait qu’il y a une unanimité autour de la pléthore de partis politiques en Guinée, on se pose toujours la question de savoir pourquoi c’est seulement cette année que les autorités de la transition ont songé à évaluer ces partis politiques ?
Au-delà des commentaires, interprétations et jugements que suscite cette évaluation ou décantation, il y a un problème de fond à résoudre : le multipartisme intégral donne-t-il le droit de restreindre l’exercice de création des partis politiques ? En clair, la loi organique L/91/002/CTRN du 23 décembre 1991 portant Charte des partis politiques est bien appliquée dans toutes ses dispositions ?
Thierno Saïdou Diakité