Vendredi 13 décembre, Lucien Bendou Guilao, président de la Ligue guinéenne de football professionnel (LGFP), a fait une sortie médiatique au siège de son institution, au Palais du Peuple à Conakry. Il s’exprimait sur l’imbroglio né du boycott du démarrage de la nouvelle saison sportive de Ligue par 12 sur 14 clubs, pour des arriérés de subventions.

Plus de six mois après la fin de la saison 2023-2024, marquée par le sacre du Milo FC de Kankan, la nouvelle édition du championnat national peine à démarrer. Des retards de paiement de subventions ont plongé la Ligue guinéenne de football professionnelle (LGFP) dans une impasse. Les clubs refusent de reprendre la compétition, avant d’avoir perçu leurs subventions.

Dans un communiqué du 10 décembre, le Horoya AC a dévoilé le résultat de la rencontre des clubs frondeurs. Il a flétri la publication « prématurée » du calendrier des deux premières journées. Les clubs rappellent que les arriérés de la saison 2023-2024 n’ont toujours pas été versés, en violation des conclusions de la réunion du 4 décembre avec la LGFP. Chaque club de Ligue 1 devrait toucher 80 millions de francs guinéens, contre 40 millions pour les promus. À propos de la saison 2024-2025, les frondeurs déplorent l’absence d’échéancier clair pour le paiement des subventions. Pas de participation au championnat tant que le statuquo demeure.

La moitié des fonds disponible

Lucien Bendou Guilao tenait donc à faire entendre son son de cloche. Il alerte : « Le championnat doit démarrer pour plusieurs raisons. Nous sommes largement en retard. Les joueurs ont commencé les entraînements depuis deux mois. Cela implique des frais pour tout le monde. » Il rappelle l’importance de se conformer au calendrier de la CAF, pour le dépôt des noms des clubs en vue des compétitions interclubs.

Le président de la LGFP reconnaît toutefois les difficultés financières que traverse son institution, dues à un malentendu entre la Fédération guinéenne de football et le sponsor officiel, Guicopress. Même que la moitié du montant de la subvention est mobilisée : « Nous avons écrit aux clubs pour les convoquer à une réunion et les avons suppliés de jouer tout en continuant à mobiliser des fonds. […] Nous ne sommes pas dans une logique de belligérance. Nous leur demandons humblement de prendre le montant proposé, car nous continuons à nous battre pour augmenter les fonds. Mais pendant ce temps, il faut qu’on joue ».

Intentions inavouées

Le Milo FC, champion en titre censé disputer l’un des matchs d’ouverture de la compétition a publié un communiqué le 12 décembre. Il y a réaffirmé sa solidarité avec les 12 autres clubs frondeurs: « Nous soutenons les revendications légitimes des clubs partenaires. Le manque de soutien financier impacte directement la préparation des équipes et la compétitivité de la Ligue 1 ».

Lucien Bendou Guilao insiste : « Le lancement du championnat se fera à Kankan et on remettra au Milo son trophée de Champion et le chèque en bois qui sera payé plus tard. » Et de marteler : « C’est soit vous jouez, soit vous déclarez forfait. Si les forfaits persistent, nous appliquerons le règlement de la Ligue et déclarerons une année blanche. La Guinée ne sera pas le premier pays à prendre une telle mesure. »

Pour le président de la LGFP, le refus de jouer cacherait d’autres intentions inavouées. La subvention ne serait qu’un alibi des présidents des clubs pour se payer la tête du Sponsor Guicopress (de l’homme d’affaires Kerfala Person Camara, KPC) ou celle du président de la Fédération guinéenne de football, Bouba Sampil.

Alors que la première journée du championnat est censée se dérouler ce samedi 14 décembre avec trois matchs au programme, plusieurs questions restent en suspens : les clubs feront-ils marche arrière ? La LGFP repoussera-t-elle le démarrage de la saison pour trouver une solution ? Ou enfin se dirige-t-on vers une année blanche ?

Affaire à suivre….

Abdoulaye Bah