La semaine dernière a été marquée par le sort de deux chefs d’Etat que tout oppose. La cavale de l’un a complétement occulté l’élection de l’autre. Une fois n’est pas coutume, le positif survient des tropiques, l’invétéré théâtre de malheurs, de douleurs et de pleurs. Vous ne rêvez point, l’Afrique vient de donner une leçon de démocratie quand certaines civilisations millénaires nous offrent un spectacle peu enviable. Mais le petit village planétaire parle peu ou prou du continent noir.
Nous venons d’assister à la fuite de Bassar El-Assad. Avec à la clé son palais incendié. Ses portraits littéralement détruits. Le comble, eh, sacrilège, la tombe de son père de prédécesseur mise à feu. Quel triste sort que celui des Assad, lâché par la Russie qui a du grain à moudre en Ukraine et par l’Iran, confronté à un Etat hébreux armé, entrainé et financé par l’Oncle Sam. Le dictateur syrien apprend à ses dépens que le monde est désormais interdépendant. Au moment qu’il se croyait à l’abri du danger, le pire lui advient.
Ailleurs, nous assistons au passage du témoin en douceur et dans le fair-play. Par les urnes. Suffisamment symbolique et rare dans l’ouest du continent pour être noté. Certes, les médias au Nord sont tout à la Syrie. Le président ghanéen John Dramani Mahama, vainqueur de la présidentielle du 7 décembre dernier, invite son prédécesseur Nana Akuffo-Addo au palais présidentiel pour « préparer le processus de transition du pouvoir ». Auparavant, le vice-président, Mahamudu Bawumia, a eu l’élégance de féliciter son rival, de reconnaître sa défaite.
Ainsi, après le Sénégal en mars dernier, le Ghana vient une nouvelle fois d’honorer le continent noir en proie à un retour spectaculaire aux coups d’Etat. Mali, Burkina Faso, Niger, Guinée et Gabon ont basculé dans les travers des années 60 et 70. Les juntes militaires avaient promu un retour rapide à l’ordre constitutionnel. En Guinée, elles ne parlent plus de transition, mais de Refondation.
Et pourtant, ce qui s’est passé le 8 décembre à Damas, tout comme ce qui s’était passé à Bagdad, Tripoli, Khartoum, Kinshasa, Banjul et Ouagadougou, ici et là, est la preuve que la dictature, quelles que soient sa férocité, sa cruauté et sa puissance, finit par s’écrouler et emporter. La démocratie, des Africains la clouent au pilori avec l’avènement du trio AES. Pour autant, sans la démocratie pas de paix, quiétude et de bien-être.
La dictature, plus elle dure, plus dure est sa chute. Dans le meilleur des cas, le dictateur échappe à l’humiliation en mourant au pouvoir, tel Sékou Tyran en 1984. Les Sese Seko du au Zaïre, Hussein d’Irak, Compaoré au Burkina, etc. ne sont pas voués à la paix et la tranquillité. A quoi bon de régner pendant plusieurs décennies si, à la fin, toute sa famille voire toute sa tribu est livrée à la vindicte populaire ? Si certains dictateurs revenaient sur terre, il est fort à parier qu’ils cracheraient sur le pouvoir en voyant le malheur des leurs.
A demander pourquoi tant de nouveaux dictateurs dans le monde. Particulièrement en Afrique et au Moyen-Orient, deux parties de la planète où les démocrates se comptent encore au compte-gouttes. Il est prématuré de crier victoire en Syrie, tant où les défis y sont immenses et l’avenir incertain. Ce qui s’est passé au Ghana donne de l’espoir aux démocrates africains. Les peuples se jalousent. On fait un amalgame entre la démocratie et la France dans les trois pays membres de l’AES. On peut parier que les exemples sénégalais et ghanéens feront tache d’huile. Aujourd’hui, Nigériens, Maliens et Burkinabé crient haro sur la France. Demain, ils crieront au retour de la démocratie.
Aucun Africain digne de ce nom ne souhaite le maintien de la domination étrangère. Tous sont pour un partenariat d’égal à égal avec la France, bouc émissaire des putschistes, populistes, panafricanistes et opportunistes de tout poil. Mais il ne s’agit pas de donner le coup de pied de l’âne à la France pour dérouler le tapis rouge à la Russie. Il s’agit de restaurer la démocratie et l’Etat de droit, gage des paix, tranquillité et développement.
Habib Yembering Diallo