La tragédie du 28 septembre 2009 au stade éponyme est en partie liée à l’éventuelle candidature du président ci-devant de la transition à l’élection présidentielle prévue en 2010. Le drame du 1er décembre 2024 n’est pas étranger à l’éventuelle candidature de l’actuel président de la transition à la future présidentielle. Et la date indéterminée. La fin de la transition a été convenue avec la CEDEAO. Cet accord engage les quelques internautes, qui se livrent au compte à rebours. Tout comme ceux qui rêvent, ceux qui croient à la Providence. Espèrent le thaumaturge le 31 décembre prochain.
La similitude entre les événements de 2009 et ceux de 2024 est pour le moins troublante. Derrière les deux cas, il y a la candidature à une élection présidentielle controversée. En 2009, les opposants se retrouvent au stade pour protester contre l’éventuelle candidature d’El Dadis. En 2024, les promoteurs de la candidature de Mamadi Doumbouya mobilisent dans un stade pour vendre leur salade. Ironie de l’histoire : les mêmes gens accordent au Général ce qu’ils ont refusé au Capitaine.
Autre similitude : le nombre des victimes. En 2009, les autorités s’étaient empressées d’annoncer 57 morts, bilan revu à la hausse par les défenseurs des droits de l’homme. De cette tragédie, l’ONU parle de 157 morts. De la bousculade meurtrière de Nzaly, hic et nunc, les autorités annoncent un bilan de 56 morts quand d’autres sources font état d’un bilan plus lourd, proche de celui de 2009.
Après les événements de 2009, des têtes étaient tombées. Non pas par limogeage. Le bouillant capitaine avait besoin de son équipe entière, il lui fallait se débarrasser de la patate chaude. Son aide de camp était cité comme le principal auteur de la tragédie. Le feu aux poudres le 3 décembre 2009, Diakité Toumba sur El Dadis. Pour ne pas avoir à rendre compte un jour, des ministres ne s’étaient pas fait prier pour rendre le tablier. Dans les conditions normales, les organisateurs devaient rendre compte pour n’avoir pas fait ce qu’il faut pour éviter ce qu’il s’est passé le 1er décembre. Jusqu’ici, pas un cheveu n’est tombé. A plus forte raison, une tête. Personne n’a jeté l’éponge. C’est sûrement pour le 31 février.
Dans tous les cas, les victimes de cette tragédie auront été l’ultime sacrifice pour couper l’herbe sous le pied à tous ces démagogues qui ont pris le Général et son pays en otage. Comme à leur habitude, les autorités, toujours plus promptes à la réaction qu’à l’action, interdisent d’associer désormais toute manifestation au nom du président de la transition. Un coup fatal au fonds de commerce des flagorneurs. Peut-être. Désormais, il va leur falloir plus d’imagination pour dompter le locataire du Palais Mohammed V. Celui-ci, encore moins que ses prédécesseurs, n’est pas enclin à tomber dans le panneau des démagogues. Les tournois de football et autres cirques de soutien ne constituent plus une recette facile, il faut s’attendre à d’autres mamayas de soutien.
L’Office guinéen de publicité, OGP, emboîte le pas au gouvernement. Dans un communiqué, la structure interdit les affiches sur lesquelles on voyait jusqu’ici le président de la transition avec un monsieur sorti de nulle part côte à côte, dans les coins et recoins de Cona-cris. Cet autre trafic d’influence grâce auquel des opportunistes de tout poil mettaient les finances publiques à rude épreuve serait prohibé. Dur, dur pour les lèches-bottes ?
Des simagrées pour calmer l’opinion indignée par l’horreur du stade de Nzérékoré ? La fin justifiant les moyens, il ne sera pas surprenant si, demain, les racoleurs trouvaient d’autres moyens d’expression pour « soutenir » la candidature du président de la transition. Puisque les interdictions de manifestations sont toujours partielles, partiales et parcellaires dans le bled, il faut s’attendre à ce que certains les ignorent, en plus royalistes que le roi.
A Dom-bouillant de choisir ou profiter de ce drame pour rompre avec les ‘’erreurs’’ des aînés ou emboîter le pas à ses prédécesseurs. Ce conseil, sauf votre respect : le meilleur ami du chef n’est pas celui qui lui crie ’’c’est vous ou le chaos’’. Si Dadis avait respecté son serment de soldat par une transition raisonnable, sa place n’aurait jamais été à Coronthie. Si Alpha Grimpeur s’était contenté de ses deux mandats constitutionnels, il aurait pu se coller pompeusement de l’étiquette de Mandela de la Guinée et ce, malgré le bilan macabre.
Habib Yembering Diallo