La Journée internationale de la Déclaration universelle des droits de l’Homme a été célébrée le 10 décembre. Pour l’occasion, l’Ambassade de la France en Guinée et en Sierra Léone a réuni défenseurs des droits humains, activistes de la société civile et étudiants au Centre culturel franco-guinéen, CCFG, pour un débat sur les droits humains.

Pour une meilleure connaissance des droits humains, l’Ambassade de France en Guinée a confié à l’IRLA (Institut de Recherche Linguistique Appliquée) la traduction en 8 langues nationales, la déclaration universelle des droits de l’Homme. C’est pourquoi, Luc Briard, ambassadeur de la France en Guinée, a déclaré que l’universalisé des droits de l’Homme signifie écouter les voix du monde « pour dire que nous faisons une humanité commune. » Il est « si important aujourd’hui de travailler sur les langues pour que chacun puisse disposer dans sa propre langue de la connaissance du droit  de l’homme », souligne le diplomate.

Son Excellence Luc Briard, ambassadeur de la France en Guinée et en Sierra-Leone

Parlant de la situation de la Guinée, Luc Briard affirme « cette journée des droits de l’homme est un peu particulière pour la Guinée. Puisque quelque part, elle ouvre l’examen périodique universel, qui sera l’exercice auquel sera confrontée la Guinée en avril 2025 aux Nations Unies. C’est un exercice intéressant, parce qu’il oppose l’État à ses pairs. Et vous savez que la France est plus critiquée que la Guinée à Genève. Nous avons reçu plus de recommandations de la communauté internationale que la Guinée. Donc, c’est aussi une pierre dans notre propre jardin. La France est régulièrement attaquée pour racisme et xénophobie, pour  non-respect du droit des migrants, ou pour le sort réservé aux personnes handicapées. C’est donc un point important d’entendre la critique de nos pairs pour pouvoir nous améliorer. Ce n’est pas une critique, ce n’est pas une leçon, c’est comment nous pouvons faire humanité commune pour nous améliorer collectivement. »

Kristel Younès, la Coordinatrice résidente des Nations Unies en Guinée recommande que les progrès réalisés en termes des droits humains soient renforcés en Guinée. Notamment redoubler d’efforts, pour  protéger les défenseurs des droits humains, y compris les journalistes. Ces acteurs courageux qui œuvrent quotidiennement à dénoncer les injustices, protéger les vulnérables et promouvoir la justice sociale. « Nous devons rester vigilants sur le respect des principes fondamentaux de la liberté d’expression et d’opinion. La liberté de la presse tout comme la liberté pour chaque citoyen de s’exprimer sans crainte demeure essentielle, pour bâtir une gouvernance transparente et inclusive. Nous devons renforcer notre engagement en matière de gouvernance et de lutte contre l’impunité, àl’image du procès du 28 septembre 2009 qui constitue un jalon important pour garantir la justice aux victimes et promouvoir la réconciliation nationale. »

Yaya Kairaba Kaba, ministre de la Justice et des Droits de l’Homme

Yaya Kaïraba Kaba, le ministre de la Justice et des droits de l’Homme, s’est contenté d’égrainer des progrès réalisés en milieu carcéral : « Aucun développement ne peut être durable s’il ne s’adosse sur le respect de la dignité humaine. C’est pourquoi mon département, en sa qualité de structure de mise en œuvre de la politique du gouvernement en matière des droits de l’Homme, s’est engagé dans la mise en œuvre de nombreuses actions inscrites dans la lettre de politique nationale de promotion et de protection des droits de l’homme. Ces actions qui s’articulent autour de deux axes (axe conjoncturel et celui structurel), ont porté, entre autres, sur le lancement d’un vaste programme de régularisation de la situation des personnes se trouvant en détention provisoire prolongée… »

Omerta sur les cas des disparitions forcées

Les officiels n’ont pas évoqué dans leur discours l’interdiction systématique des manifestations politiques, les cas des disparitions forcées et d’autres violations des droits de l’Homme, devenus monnaie courante. C’est pourquoi, lors des débats, des défenseurs des droits de l’Homme ont demandé aux diplomates ce qu’ils font pour la libération des acteurs de la société civile Oumar Sylla alias Foniké Menguè et Mamadou Billo Bah, Saadou Nimaga et récemment le journaliste Habib Marouane Camara. L’ambassadeur de la France en Guinée a répondu, diplomatiquement : « La France n’est pas une super ONG, c’est un Etat qui a des dialogues avec un autre Etat et il le fait dans le silence de la diplomatie, il n’a pas à rendre compte de l’ensemble des discussions à un haut niveau avec les autorités de ce pays. C’est l’utilité de dialoguer sur l’ensemble des questions de droit. Il y a des disparitions inquiétantes, il y a énormément d’autres questions de droits  humains… »

Ibn Adama