Après la tragédie au stade régional 3-Avril de Nzérékoré, le populo n’a toujours pas le cœur net sur le nombre de morts. Une guerre des chiffres met aux prises le goubernement, les ONG et le Conseil supérieur de la diaspora forestière. Sa faim n’est pas pour demain.
Lors d’une finale du tournoi de football doté du trophée du général Mamadi Doum-bouillant à Nzérékoré, plusieurs spectateurs ont trouvé la mort dans une bousculade au stade régional, le 1ᵉʳ décembre. Dès après le drame, éclate la guerre des chiffres. Le goubernement annonce un bilan provisoire de 56 morts, des ONG de défense des droits humains évoquent 135 victimes, dont majoritairement des jeunes de moins de dix-huit ans. De son côté, le Conseil supérieur de la diaspora forestière parle de près de 300 victimes. Qui croire ?
Deux semaines après la tragédie, la guerre des chiffres ne s’estompe pas. Le bilan provisoire du goubernement, pourtant censé évoluer vu le nombre de blessés, stagne. Les autorités de la Transition gardent tout le mutisme possible là-dessus, tout comme le comité de crise qui s’était empressé de dissocier l’image et le nom du prési Mamadi Doum-bouillant de la tragédie.
Ousmane Gawa Diallo, le ministre des Transports et porte-voix du goubernement, a exhorté le Conseil supérieur de la diaspora forestière de publier l’identité de ses 300 morts. « Le gouvernement a donné un chiffre provisoire tiré des premières données fournies par des sources hospitalières et sécuritaires. Si quelqu’un estime qu’il y a eu 130 ou 140 morts, le plus simple est de publier les noms des victimes afin que l’État actualise son bilan. Ces organisations ne doivent pas s’habituer à s’amuser avec des chiffres », alerte-t-il, chez nos con(.)frères d’Africaguinee.com.
Selon le porte-voix du goubernement, une tragédie ne doit poing être source de polémique, elle doit plutôt permettre de dévoiler la vérité. « S’il y avait 300 morts, le gouvernement aurait annoncé ce chiffre, car ce ne sont pas des personnes assassinées. C’est dans un accident tragique qu’ils ont perdu la vie », argue Ousmane Gawa Diallo.
Et d’exhorter les uns et les autres à être objectifs et à ne poing chercher « à jeter l’anathème sur la tragédie, mais à participer à la construction psychologique de notre société, à la solidarité, à l’effort de compassion et à l’empathie. »
Les ONG de défense des droits humains basées en Guinée forestière ont revu leur bilan à la hausse. Il est passé de 125 à plus de 150 victimes. Mais, le Conseil supérieur de la diaspora forestière maintient toujours son bilan de près de 300 victimes.
Ce qui ressort est que seules les ONG continuent de répertorier les victimes et de publier des nouveaux chiffres. Le goubernement, peut-être, attendra la faim des enquêtes. Quant au comité de crise, sa mission semble bouclée avec l’interdiction de l’utilisation de l’image et du nom du Prési Mamadi Doumbouya dans la propagande. La tension est retombée, non ?
Yaya Doumbouya