Le Premier ministre était l’invité de nos con(.)frères de Rfi ce 5 décembre. Amadeus Oury Bah s’est prononcé sur la tragédie du 1er décembre à Nzérékoré. Il annonce la mise en place d’une commission d’enquête « indépendante ».
Les autorités de la transition ont encore du mal à s’expliquer sur ce qui s’est réellement passé au stade 3 Avril de Nzérékoré. Acculées de toutes parts, son bilan contesté par pratiquement tout le monde, ces autorités tentent de se reprendre. Amadeus Oury Bah, Premier ministre, a pris la parole chez Rfi pour espérer mettre les poings sur les…ires. Mais il réduit tout finalement au travail qu’effectuera la commission d’enquête mise en place par son goubernement : «Tout sera dans le sens d’une analyse dénuée de toute tendance ou interprétation politique.» Sauf qu’à la place d’une telle commission, le travail aurait dû revenir directement au parquet général près la Cour d’appel de Kankan à laquelle relève la justice de Nzérékoré. D’où les suspicions : «La commission fera son travail en toute indépendance. Ce qui va en sortir déterminera la nécessité ou non d’engager des procédures judiciaires», assure Bah Oury.
Pourtant sur l’origine de la tragédie, le PM semble avoir fait son jugement. Il fait porter le chapeau à l’arbitrage qui, selon lui, n’était pas à la hauteur : « On ne peut pas dire de manière exhaustive les circonstances, mais en ce qui concerne le match, il y a un arbitrage qui n’était pas à la hauteur, qui a amené des frustrations. C’est le début de l’engrenage tragique que nous payons aujourd’hui. En plus dans un stade qui n’est pas aux normes, avec une seule porte.»
Avec la tension qui ne cessait de monter crescendo, le ministre de l’Agriculture, Félix Lamah aurait tenté de faire annuler un carton rouge donné à une des équipes. Cela aurait mis le feu à la poudre. Amadeus Oury Bah préfère laisser la justice faire les enquêtes : « La commission d’enquête passera en revue tous les aspects du match pour situer les responsabilités. Pour le moment, je ne peux pas me prononcer sur cela, parce qu’il y a beaucoup de rumeurs…»
Des témoins de la tragédie affirment que la situation a dégénéré quand les farces de sécurité présentes au stade du 3 Avril ont pulvérisé le public du gaz lacrymogène. Le PM relativise : « Je ne pense pas, mais les enquêtes nous édifieront. Même si c’est un comportement à déplorer, c’est la bêtise humaine…»
Si les enquêtes établissent la responsabilité des autorités, Bah Oury promet qu’elles répondront devant la justice : « L’intérêt de la commission d’enquête, c’est d’avoir la vérité. S’il s’avère qu’il y a eu des responsabilités à caractère criminel, la justice s’en saisira pour trancher. » Amen !
Officiellement, le bilan de la tragédie fait état de 56 morts. Un bilan largement sous-évalué selon des sources hospitalières et des ONG basées à Nzérékoré. Le Conseil supérieur de la diaspora forestière parle de près de 300 morts : « Il faut que les enquêtes nous permettent de déterminer s’il y a eu des personnes mortes ou blessées qui ont été soustraites des hôpitaux… Le gouverneur de la ville de Nzérékoré, aidé par les magistrats, doit faire l’inventaire de toutes les personnes décédées. Le gouvernement est soucieux d’avoir une idée claire de l’arithmétique des personnes décédées. Nulle intention de qui que ce soit de sous-estimer le nombre de morts. »
Le PM ne croit pas à l’information selon laquelle des bidasses auraient soustrait des corps et les auraient transportés avec eux au camp militaire.
Yacine Diallo