Bocoum, une boutique de vente de bazins, donnait rendez-vous, le 5 février, à ses clients pour distribuer gratuitement 4 000 bazins. Cette annonce s’est répandue à Conakry comme une traînée de poudre. Ses différents points de vente ont été pris d’assaut par des citoyens qui comptaient toucher le jackpot. Des centaines de personnes se sont massées devant les boutiques Bocoum à Lambanyi, Sangoya, Yimbaya, créant un débordement indescriptible. Une femme s’en serait sortie avec une fracture à Lambanyi.
Tout est parti d’une publication sur la page Facebook de « Bocoum Bazin » annonçant le don de 4 000 bazins aux citoyens à partir de ses boutiques situées dans les communes de Lambanyi et Matoto. A Lambanyi, tout comme dans les autres coins, les citoyens se sont mobilisés en masse. Vieilles personnes, jeunes hommes et femmes, même les élèves se sont retrouvés sur les lieux. Mais la promo a vite tourné au cauchemar. Les donateurs se sont retrouvés avec plus de monde qu’ils n’espéraient. Certains ont investi les lieux depuis minuit, d’autres dès l’aube, créant ainsi un brouhaha sans précédent. La propriétaire de la boutique, Malienne, ne s’attendrait pas à une telle affluence. A midi, ce 5 février, le lieu est bondé, les vigiles dans l’impossibilité de maîtriser la foule. Incidents sur incidents. Une dame s’évanouit, le pied d’une autre se fracture suite à une bagarre entre deux groupes. La boutique n’a finalement pas été ouverte. Les organisateurs ont finalement ouvert pour inscrire les présents. Histoire de tenir promesse. Mais la méthode n’a pas prospéré, des tickets ont été envisagés, en vain. C’est le désordre total. Et la patronne de « Bacoum » se cache.
Dans la foule, Hadja Aminata Kanté, étudiante, se désole : « Je suis là avec mes copines depuis 6 heures du matin. Il y a des mamans qui ont tout abandonné à la maison dans l’espoir d’obtenir quelque chose. Elle (Bocoum) n’est pas obligée de faire les cadeaux, mais elle doit respecter sa promesse. Elle a menti. Mais elle va nous donner nos bazins», martèle cette étudiante.
Ibrahima Diallo a aussi fait la queue : « Personne n’a reçu de bazin. Bientôt la fête, donc les gens viendront. On se prépare dès maintenant. Il y avait des gendarmes le matin, c’était au moins ordonné. Mais depuis leur départ, c’est le désordre ».
Mohamed Lamine Diallo, chef du carré de Wareya, en colère contre Bocoum : « On est épuisé, les citoyens ne nous écoutent pas. Ils nous insultent même. La foule était grande et la dame a eu peur. On lui a dit d’arrêter tout ». Il ajoute que dès que la foule sera maîtrisée : « Bocoum sera convoqué chez le chef du quartier : « Ce qu’elle a fait n’est pas bon, c’est une pagaille totale. Il y a une dame, son pied est fracturé, elle est couchée dans la cour».
Toutes nos tentatives pour joindre Bocoum sont restées vaines. Toutefois, elle a annoncé sur sa page Facebook qu’elle a reçu instruction des autorités de ne pas ouvrir les boutiques : « On veut être bon mais c’est compliqué à cause du débordement. Les autorités nous interdisent d’ouvrir les boutiques, demandent de disperser la foule immédiatement. Chers clients, on est en train de revoir la stratégie. On est désolé ».
Souleymane Bah